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supérieure des hospices donnait ses soins à quinze grands hôpitaux, quatre grands hospices, sept maisons de retraite pour 10,000 vieillards et infirmes, à 36,000 ménages, composés de 85,000 personnes qu’il fallait- secourir et visiter à domicile, à 20,000 enfans recueillis et à 20,000 convalescens après leur sortie des hôpitaux. L’accroissement de la population avait amené cet accroissement dans le nombre des individus secourus, et aujourd’hui le chiure atteint 160,000 depuis que, par suite de l’annexion des communes suburbaines, la population de Paris elle-même s’est élevée à plus de 1,700,000 habitans.

Toutefois ce que ces rapprochemens offrent de remarquable, c’est que comparativement le nombre des individus secourus a toujours été en s’affaiblissant. En 1804, le nombre des indigens était évalué à 87,000 et en 1813 à 102,000 pour une population de 547,000 habitans. Le recensements de 1844 a donné seulement 66,000 indigens inscrits aux bureaux de bienfaisance sur une population de 912,000 hommes. Nous venons de voir qu’en 1848 le chiffre des pauvres secourus, des vieillards, des enfans recueillis dans les hospices, s’élevait à 135,000 dans une agglomération de 1,155,000 âmes. En 1860, il est de 16.0,000 pour 1,700,000 habitans[1]. Soit donc que l’on considère seulement la quantité des pauvres secourus par les bureaux-de bienfaisance, ou tout ensemble celle des pauvres, des vieillards et des enfans recueillis, on voit qu’il n’y a pas augmentation dans le rapport des malheureux avec la population, et c’est là un fait qu’il importe de faire ressortir. Sans aucun doute, il y a lieu de regretter que, sur 170 habitans, 16 se trouvent encore dans la nécessité de recevoir des secours officiels, d’autant plus que ce chiffre, qui ne comprend pas même les malades temporairement traités aux hôpitaux, ne peut foire présumer la quantité de toutes les misères secourues par la charité privée; mais cette diminution du nombre des individus assistés prouve inévitablement l’une ou l’autre de ces deux hypothèses : ou l’aisance générale s’est considérablement

  1. Ce chiffre de 100,000 assistés comprend les individus reçus dans les hospices de tout genre aussi bien que les individus inscrits aux bureaux de bienfaisance. Le dernier relevé de l’administration de l’assistance publique ne porte pour les vingt arrondissemens de Paris que 36,713 ménages inscrits aux bureaux de bienfaisance, contenant 60,287 individus, c’est-à-dire à peu près le même nombre qu’en 1847 pour les douze anciens arrondissemens ; mais il est probable que les inscriptions dans les huit nouveaux arrondissemens atteindront un chiffre plus élevé que ne l’indique ce premier recensement opéré à la hôte. M. Husson a donné les chiffres de la décroissance constante du nombre des indigens inscrits aux bureaux de bienfaisance. En 1802, on compte 1 indigent sur 5,99 habitans, en 1818 1 sur 8,08, en 1832 1 sur 11,17, en 1847 1 sur 13,93, en 1859 enfin 1 sur 18,47. Aux indigens inscrits il faut ajouter les vieillards, les infirmes, les enfans recueillis, etc., pour dresser l’état de ce qu’on peut appeler la population souffrante.