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d’une institution, il faut la voir à l’œuvre. L’examen des recettes et des dépenses de la ville, de 1834 à 1848, montre comment l’administration municipale, sous l’empire de la loi de 1834, a pourvu aux besoins de la capitale, et quel emploi elle a fait de ses ressources.

Les recettes de la ville de Paris s’étaient élevées en 1831 à 50 millions, et en 1832 à 57, grâce aux ressources extraordinaires nécessitées par des circonstances passagères; à dater de ce moment, les recettes ordinaires ne dépassèrent plus le chiffre de 44 millions, auxquels des ressources accidentelles, provenant de ventes de terrains, ajoutèrent à peine de 2 à 3 millions. Dans chacun des budgets de cette période, les ressources et les crédits ouverts, pour les dépenses dépassent cependant, souvent même dans la proportion d’un tiers, cette somme des revenus ordinaires. Les comptes rendus au conseil municipal après la clôture de chaque exercice témoignent aussi de dépenses plus fortes; c’est qu’aux recettes ordinaires et accidentelles on doit ajouter le reliquat des crédits ouverts et non épuisés légués par les exercices antérieurs. Chaque année a laissé à celle qui l’a suivie un disponible considérable, sorte d’encaisse. permanent reporté d’exercice en exercice pour l’achèvement des entreprises extraordinaires que la ville ne cessait de poursuivre. Par ce moyen constamment pratiqué, le budget semble plus élevé qu’il ne l’était en réalité.

Après 1830 comme après 1815, la plus importante des recettes ordinaires de la ville est celle de l’octroi. Tombé à moins de 20 millions de francs en 1831, à 21 millions 1/2 en 1832, l’octroi se relève à plus de 27 millions en 1834 et atteint le chiure de 32 millions en 1837. Les variations de l’octroi reproduisent les vicissitudes de la prospérité publique : c’est, comme on l’a dit tant de fois, le thermomètre infaillible de la fortune de la ville. En 1800, l’octroi municipal produit 11 millions 1/2, et la population parisienne s’élève à 547,000 âmes. Le recensement de 1841 constate 912,000 habitans, et l’octroi fournit 32 millions. Après le recensement de 1856, qui donne 1,174,000 habitans, et avant l’extension des limites de la capitale en 1860, la dernière année de l’existence de l’ancien Paris, 1859, voit le produit de l’octroi s’élever à 54 millions. En soixante ans, la population a doublé et l’octroi quintuplé. Or l’octroi, c’est la consommation. Que représente donc ce progrès? Le progrès du travail et l’augmentation des salaires. Le taux des salaires s’est élevé en effet dans une proportion qui dépasse de beaucoup le renchérissement des denrées alimentaires. A l’exception du logement, l’habitant de Paris n’a pas vu s’accroître le prix des choses nécessaires à la vie : le livre de M. Husson sur les consommations de Paris le prouve avec évidence. Il n’y a aussi qu’à consulter les annales