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LA
VILLE DE PARIS
SES FINANCES ET SES TRAVAUX PUBLICS
DEPUIS LE COMMENCEMENT DU SIECLE

Parmi les questions qui éveillent de nos jours les préoccupations publiques, une des plus intéressantes à coup sûr est celle de l’agrandissement des principales villes de la France, de Paris surtout. Cette question en effet se lie à des problèmes politiques, sociaux et financiers dont il semble inutile de faire ressortir l’importance. C’est un problème politique des plus graves, par exemple, que de mettre le régime municipal de Paris en rapport avec les exigences diverses qui sont nées de l’extension des limites de la capitale et de l’influence croissante qu’elle exerce sur les destinées intérieures du pays. En comparant Londres et New-York à Paris, Tocqueville faisait remarquer que « ce n’est ni la situation, ni la grandeur, ni la richesse ides capitales qui causent leur prépondérance sur le reste de l’empire, mais la nature du gouvernement. » Or cette prépondérance paraissait à l’illustre écrivain surtout dangereuse là où l’autorité gouvernementale était le plus centralisée. Si cette pensée est juste, la prépondérance de Paris n’est-elle pas plus réelle, plus redoutable aujourd’hui qu’en 1789, où cependant l’on disait déjà que Paris était la France même? En 1863, Paris, avec son périmètre de huit lieues et demie, avec sa population de 1,700,000 habitans, est à lui seul presque un gouvernement : il est devenu en tout cas le premier organe de la vie française, et nulle part ailleurs il n’importe