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comme en France le service central, les inspecteurs-généraux et l’administration provinciale ou académique. Dans le budget français, ces différens services coûtent 2,842,950 fr.; pour l’Italie, cette dépense n’est que de 1,240,308 fr. C’est dans cette partie du budget italien qu’on pourrait apporter de notables améliorations en même temps qu’on adopterait une organisation plus simple et plus uniforme. Une seule province a eu depuis longtemps une loi d’administration scolaire. Dans les célèbres constitutions de l’université de Turin dont nous avons parlé plus haut, le magistrat de la réforme est une sorte de ministre entouré d’un conseil supérieur de l’instruction publique, et nommant des proviseurs pour les écoles secondaires des provinces. Il eût été à désirer que cette organisation si simple, qui donnait à une autorité centrale de larges attributions et une action indépendante, fût arrivée à nous débarrassée des minutieuses formalités propres au temps où elle fut fondée. Malheureusement, depuis 1848 et même un peu avant, les vicissitudes de la vie constitutionnelle ont soumis cette organisation à une série de réformes trop incohérentes et trop brusques. Il faut, dans l’instruction publique surtout, que les changemens ne soient qu’une transformation lente et progressive des anciennes institutions; mais un noble sentiment de patriotisme et de progrès poussait les ministres du roi Charles-Albert à rechercher tous les moyens d’étendre et de développer rapidement l’instruction élémentaire et secondaire dans le pays : de là l’origine d’un si grand nombre de lois, et en dernier lieu de la loi piémontaise de 1859, qui passe pour trop compliquée et trop marquée de l’esprit bureaucratique. Dans tout le reste de l’Italie, il n’y a jamais eu d’organisation scolaire proprement dite; il y avait eu des séminaires et des collèges confiés à certains ordres religieux, des écoles élémentaires et des gymnases dépendant entièrement des autorités municipales, et bien avant qu’on parlât de la liberté d’enseignement, il a existé en Toscane des écoles libres ou privées fonctionnant presque sans surveillance et sans inspection de la part du gouvernement. Le gouvernement italien, en fait d’institutions scolaires, a donc rencontré les mêmes obstacles que dans la plupart des autres branches de son administration. Il y avait d’une part les systèmes et les lois de l’ancien Piémont, fermes, rigides, mais nécessairement compliqués et en tout un peu militaires, et d’autre part, dans le reste de l’Italie, des institutions plus simples, plus économiques, mais généralement plus relâchées. Nous sommes convaincu qu’il n’y a aucune branche du ministère de l’instruction publique qui demande avec plus d’urgence une loi d’ensemble que l’administration générale. D’un côté, nous devons éviter un système compliqué et dispendieux et qui nous forcerait à recourir à un grand nombre d’administrateurs pris généralement