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chose particulièrement pénible, il semblait que telle dût être sa destinée perpétuelle. C’est en vain que les Perses, après avoir succédé aux Mèdes comme peuple dominateur, avaient subi à leur tour la loi d’Alexandre, et que l’empire grec s’était substitué en Asie à l’empire persan. Le conquérant meurt, ayant à peine ébauché son œuvre; ses généraux se partagent ses états : rien de tout cela n’émancipe les Juifs. Ils passent d’abord sous le sceptre des Ptolémées, qui avaient reçu l’Egypte pour leur part. Assez bien traités encore par ces princes, ils eurent lieu de regretter leur domination éclairée, quand une série d’événemens fort indépendans de leur volonté les transféra sous celle des Séleucus, rois de Syrie. Ceux-ci ne virent guère dans la florissante Palestine qu’une riche proie à exploiter. L’un d’eux surtout, Antiochus Épiphane, ne tarda pas à devenir l’objet des malédictions et de l’horreur des enfans d’Israël. Ce prince, éminent à plusieurs égards, eut une manie qui lui coûta cher, celle d’helléniser per fas et nefas les populations rangées sous son sceptre. Il eut peu de peine à réussir en Syrie, où la transformation était déjà presque accomplie quand il monta sur le trône; mais, sans parler des difficultés qu’il rencontra en Perse et en Arménie, sa politique d’unification (vint se heurter contre un obstacle dont il n’avait pas prévu la puissance : l’obstination du peuple juif à rester lui-même.

Cette résistance étonna Antiochus, habitué à l’obéissance passive de ses sujets; il en chercha la cause, et avec un coup d’œil d’une parfaite justesse il la trouva dans la religion exceptionnelle qu’on professait à Jérusalem. il se fit donc persécuteur par raison d’état. Non-seulement, aux applaudissemens d’un parti que la mode et la peur avaient beaucoup augmenté, il favorisa de tout son pouvoir l’adoption de la langue, des mœurs, des vêtemens et des plaisirs grecs, et les murs de Sion frémirent au bruit des courses et des spectacles qu’il institua dans cette enceinte vénérable, mais encore il proscrivit le culte de Jéhovah, l’observation de la loi et des fêtes nationales, pilla le sanctuaire, et érigea (dans le temple un autel en l’honneur de son dieu favori, Jupiter Olympien (168).

A ce dernier coup, les opprimés ne consultèrent que leur désespoir. Une insurrection patriotique et religieuse éclate. Les supplices n’y font rien, ou plutôt l’ère des martyrs, payant de leur sang la liberté des autres, commence. Tout le monde connaît l’héroïque histoire des Macchabées. Une poignée de partisans réfugiés dans les montagnes, bientôt grossie par les mécontens qui accouraient de toutes parts, se battent en guérillas d’abord, bientôt en troupes aguerries, contre les soldats d’Antiochus, les refoulent graduellement dans Jérusalem, et réussissent même à entrer en vainqueurs dans la capitale. Leur premier soin est d’enlever du temple l’autel