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le sens moral, ensuite le corps, enveloppe matérielle, lourde et grossière, qui met l’esprit en rapport avec le monde extérieur. Outre cette enveloppe, l’esprit en a une seconde, semi-matérielle, qui l’unit à la première, et à laquelle on donne le nom de périsprit. Le périsprit est une enveloppe « fluidique, » impondérable, servant d’intermédiaire entre l’âme et le corps. Ni l’âme n’est localisée dans une partie du périsprit, ni l’être fluidique qu’elle forme avec le périsprit n’est localisé dans une partie du corps. Les deux êtres, l’être fluidique et l’être corporel, sont semblables, et se pénètrent l’un l’autre dans leur ensemble. La naissance les réunit, la mort les sépare. Que vous semble du périsprit? L’invention du périsprit ne laisse pas d’avoir son mérite, et voilà, sans qu’il soit besoin d’autre secours, bien des difficultés aplanies. Quand je dis invention, ce n’est pas que la chose soit précisément neuve; mais M. Kardec utilise cette conception avec tant d’aisance, qu’il lui donne tout le piquant de la nouveauté.

A bien compter, on trouverait encore dans l’homme un quatrième élément. C’est un lien fluidique qui unit le périsprit au corps. Ainsi avant la naissance d’un homme et dès qu’il est conçu, l’esprit qui est encore errant dans l’espace tient par ce lien fluidique au corps auquel il doit s’unir. Ce lien se resserre de plus en plus à mesure que le fœtus se développe. Ce n’est point d’ailleurs sans de graves raisons que M. Kardec établit entre les deux élémens qui s’unissent cette espèce de chaîne de sûreté. La mesure est sage. Les facilités que le périsprit donne à l’âme pour sortir du corps sont incontestables; je ne parle point ici de la grande séparation, de la mort, mais de certaines escapades que l’âme se permet quelquefois, pendant le sommeil notamment ou dans les phénomènes somnambuliques. La commodité qu’elle y trouve est extrême, puisque l’âme, à tout prendre, en s’isolant du corps, garde une enveloppe «fluidique, » il est vrai, mais fort présentable, une forme semi-matérielle qui lui conserve tous les dehors de l’humanité. Le lien fluidique empêche ces fantaisies, ou, s’il est assez relâché pour les permettre, il assure du moins la réintégration de l’âme dans son domicile ordinaire. Quel trouble en effet si un esprit, au retour d’une excursion, ne pouvait retrouver son enveloppe corporelle! Quel quiproquo s’il entrait dans celle du voisin! Mais heureusement « pendant la vie, à quelque distance qu’il se transporte, l’esprit tient toujours au corps par un lien fluidique qui sert à l’y rappeler dès que sa présence est nécessaire; ce lien n’est rompu qu’à la mort. » En cela, M. Kardec est d’accord avec M. Home, qui nous montre par un exemple, dans le livre des Révélations, l’utilité de ce précieux accessoire : il arriva, pendant que le médium dormait,