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milieu où ils trouvent des influences contraires, et où « des sentimens de scepticisme sont répandus. » Surtout point de savans; «leurs éminentes qualités se tournent contre eux dans cette nouvelle voie, où la matière est combinée avec le spirituel, » et plusieurs fois, alors qu’il se trouvait dans l’assistance quelque personne de ce genre qu’on désirait vivement convaincre, on ne put obtenir aucune manifestation. A ces causes, M. Home se faisait remettre d’avance la liste des invités et éliminait ceux qui ne devaient point apporter à la séance une émotion sympathique. Cependant les personnes présentes se sont placées au milieu de la chambre autour d’une table qui joue toujours le principal rôle dans ces réunions. Les mains forment la chaîne, et soudain la table tourne, puis s’élève à huit pouces du sol, puis s’abaisse doucement; ce sont les exercices préparatoires. Bientôt la personne que le médium désigne, mettant sa main sous la table, tandis que celles des autres assistans restent placées au-dessus, sent une sonnette qui lui est présentée doucement par une main surnaturelle. Et soudain, quelque soin qu’on prenne de laisser la sonnette immobile, elle s’agite d’une façon significative. — Les mains merveilleuses jouent un rôle brillant dans chaque séance. Chacun sent sur ses genoux, sur ses épaules, « le contact de la main spirituelle. » On peut même la toucher, et elle s’évanouit. Tantôt on sent cette main « humide et chaude et faite d’une chair extrêmement tendre; » d’autres personnes, en sentant cette étreinte, la trouvent « horrible et gluante. » Non-seulement on sent la main, mais on l’aperçoit; quelquefois elle se termine au poignet; dans d’autres circonstances, on voit une partie du bras et un commencement de manche qui se perd dans des draperies. Un jour, « toutes les personnes du cercle qui avaient une bague à leur doigt la sentirent délicatement retirée par la main d’un esprit; on vit ensuite la main paraître, chargée de toutes les bagues, et, se renversant, les répandre sur la table. » Hâtons-nous d’ajouter qu’on n’obtient de manifestations à la surface de la table qu’avec des initiés; dès que l’on n’a pas affaire à des croyans, les choses se passent sous le tapis.

Après la sonnette et les mains merveilleuses vient le tour de l’accordéon magique. Cet instrument s’élève du parquet et se présente de lui-même à la main d’un des assistans ; puis, sans aucun secours humain, il joue des airs, « non pas assurément dans toute la perfection de l’art, mais avec une habileté fort estimable. » Parfois c’est « un air sauvage coupé de transitions étranges et traversé de plaintes d’une douceur pathétique. » Souvent c’est un simple murmure, un « silence tissé d’une trame argentine, » une « note exquise qui va diminuant, diminuant à travers l’espace et les ténèbres de la chambre, jusqu’à ce que le son, parvenu aux dernières limites de la