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avec une verge, les ciselures du bouclier divin. La cuirasse, « plus éclatante que le feu, » le casque, « pesant et splendide, qui doit s’adapter aux tempes du héros, » les cnémides, « dont le flexible étain brille comme l’or, » sont posés çà et là. Thétis est assise et regarde avec un geste de surprise et d’admiration.

La peinture à gauche nous montre un Neptune armé du trident, assis, vieux, cuivré, et un Apollon jeune et beau, debout, couronné de lauriers et appuyé sur la lyre : ils assistent à la construction des murs de Troie, dressant déjà derrière eux, au-delà d’un autel consacré à Jupiter, leurs assises formidables que piquent et martèlent des ouvriers assidus, tandis qu’au fond de la scène, dans l’intérieur de la ville, des bœufs paraissent traîner d’autres pierres énormes et déjà taillées vers une machine à poulies qui doit les soulever. « Nous quittons l’Olympe seuls (dit Neptune à Apollon dans l’Iliade), et au prix d’une récompense nous prêtons nos bras pour une armée à l’orgueilleux Laomédon ; il nous donne ses ordres, et pendant que tu conduis ses grands troupeaux sur le mont Ida, je construis la cité, les remparts des Troyens ; j’élève ces larges et magnifiques murailles qui rendent leur ville inexpugnable. »

Autour de ces peintures se dessinent des cadres fantastiques, peuplés de centaures et de bêtes fauves ; les Muses se rangent sur les parois de l’exèdre, Calliope et Apollon flanquent l’Hercule vaincu ; un Mars doré, debout sur un piédestal, le domine ; des paysages décorent les panneaux ; des festons, pendant à des candélabres, enguirlandent le podium, et au-dessus de toutes ces peintures, dans la bordure supérieure, courent des branches de vigne enlaçant des quadrupèdes et de petits amours.

Le triclinium de la maison de Siricus n’est pas moins digne d’attention que l’exèdre. C’est une salle à manger ouverte sur le jardin par une énorme fenêtre, et qui vous frappe et vous saisit par sa décoration compliquée, ses parois, noires, jaunes, rouges, parsemées de candélabres, de constructions bizarres, de feuillages, de fleurs, de fruits, d’oiseaux, de dauphins, de tritons, de tambourins, de crotales, d’aigles césariens, de bacchantes, tout un monde merveilleux encadrant quelques jolis tableaux, dont une Toilette d’Hermaphrodite et deux autres mériteraient de nous arrêter longtemps, car ce sont des sujets tout nouveaux, non traités du moins dans les peintures que nous connaissons ; ce sont des illustrations de l’Enéide. L’une d’elles, encore en place, mais fort endommagée, doit représenter Turnus entre Amata et Lavinie, la jeune fille qu’il aime et qui lui fut promise, mais qui vient d’être accordée à l’heureux Enée, le Moïse du peuple romain. Turnus armé veut courir au combat contre le rival heureux à peine arrivé de Troie. S’effrayant des dangers de la nouvelle guerre, la reine Amata, couronnée de lauriers