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par ce musée depuis la révolution, ou du moins sous l’administration de M. Fiorelli. A cet effet, j’ai consulté les registres de la contrôlerie, tenus maintenant avec un ordre si parfait que ce travail m’a coûté fort peu de peine. J’ai compté mille cinquante objets divers, et ce chiffre, déjà considérable, serait grossi outre mesure, si d’énormes collections d’objets semblables (par exemple des tas de cent et de huit cents monnaies) n’étaient pas modestement comprises sous un seul numéro. Voilà ce qu’ont rendu les fouilles depuis deux ans et demi, grâce à l’unité italienne.

On n’ose s’engager dans l’inventaire de ces trésors. Un seul objet en bronze, un casque de gladiateur couvert de sculptures, fatiguerait la patience d’Homère, qui ne craignait cependant pas les descriptions. Outre toutes les reliques nommées tout à l’heure et déjà connues, auxquelles on pourrait ajouter des instrumens de chirurgie, des rangées de casseroles, des chaudières, des plateaux de balance, des moules de pâtisserie, une têtière de cheval, des poids, des gonds par centaines, une riche collection de tasses, d’aiguières, de nasiternes, de conques, de trépieds, sans compter les amulettes, les phallus en bronze avec ou sans ailes, — il y aurait à décrire de grands appareils, brasiers, fourneaux ou réchauds, curieux à double titre, comme meubles de maison et comme œuvres d’art, témoignages précieux de l’élégante et ingénieuse industrie dont les anciens nous ont donné tant de preuves. Un de ces appareils est un simple poêle qui contient une chaudière de bronze et une grille de fer dont les barres sont creuses, pour que l’eau y pénètre et atténue l’action du feu. Extérieurement, ce poêle est un vase de quatre pieds de haut, reposant sur trois pattes de lion et muni de deux anses figurant des couples de lutteurs. Deux mains sculptées servent aussi de poignées et tâchent de soulever cette lourde machine dont le couvercle est surmonté d’un enfant à cheval sur un dauphin. Comment compter tant de richesses, les précieux candélabres, les bronzes sculptés et ciselés, les bagues sans nombre aux pierres gravées (une entre autres dont le chaton retient un magnifique onyx), les boucles d’oreilles figurant des gousses d’ail, une plaque d’argent d’où sort en relief une Abondance tenant sa corne et une patère à la main; la fameuse lampe d’or, pesant trente-trois onces et un tiers, qui enrichirait à elle seule une collection, si le travail valait la matière; le petit Amour en ambre, coiffé d’une perruque à plusieurs rouleaux, la belle monnaie d’or des Vitellius, des statuettes de toute matière, en bronze, en marbre, même en argent; un Mercure assis, un sanglier attaqué par un chien, un serpent se dressant sur sa queue roulée en spirale, des enfans joufflus servant à décorer des fontaines, un entre autres épouvanté par un crapaud qu’il découvre entre ses jambes; une Vénus Anadyomène tordant ses cheveux; de