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trique. De plus ces prévisions, qui sont données pour 2 ou 300 kilomètres de côtes, ne peuvent être que très générales. Elles laissent en dehors les météores locaux; ainsi elles ne peuvent tenir compte des grains, c’est-à-dire de ces pluies subites accompagnées de bourrasques qui ont peu de durée et sont néanmoins dangereuses parce qu’elles surprennent les navires au milieu d’un calme. Malgré ces restrictions, les prédictions de l’amiral Fitz-Roy paraissent utiles, et l’on pourrait citer un grand nombre de cas où elles ont prévenu des désastres que les marins n’auraient pas su prévoir. Le 12 novembre 1861, un avertissement fut transmis au port d’Yarmouth dans l’après-midi. Il était presque nuit, et les signaux ne purent être faits que le lendemain matin, alors que tous les bateaux pêcheurs, qui avaient mis à la voile de très bonne heure, étaient déjà loin en mer. Le soir, un orage survint. Pour sauver leur vie et leurs bâtimens, les pêcheurs durent couper et abandonner leurs filets. Des signaux de nuit auraient prévenu cette perte d’une valeur considérable et auraient préservé les marins du danger. À cette époque, ces signaux n’étaient pas organisés; mais depuis quelques mois ils sont prêts à fonctionner. Le 7 mars 1862, le signal d’alarme fut hissé à Plymouth pendant toute la journée. Le lendemain, le temps était si beau en apparence que les pêcheurs n’en tinrent aucun compte et prirent le large comme d’habitude. Le soir, un nouveau signal fut fait pour annoncer un grain violent venant du sud, et cependant le temps était encore magnifique. Avant minuit survint un orage qui persista pendant toute la journée suivante. Au début, paraît-il, les marins avaient peu confiance dans les avertissemens qu’on leur transmettait de Londres par le télégraphe. L’usage leur en a montré la valeur. Les signaux d’alarme ne les forcent pas à rester dans les ports; c’est seulement un signe de précaution qui veut dire que l’atmosphère est troublée, qu’il y aura bientôt un orage, qu’il faut observer le baromètre avec soin et se mettre à l’abri aux premiers indices du mauvais temps. Chacun est libre d’interpréter à sa manière les pronostics officiels, de les compléter par son expérience personnelle, et peut-être même n’y a-t-il que les marins expérimentés qui sachent en tirer tout le parti possible.

Les prédictions atmosphériques de l’amiral Fitz-Roy sont portées à la connaissance du public de deux manières, d’abord par les signaux que les maîtres de ports arborent en cas de danger imminent, puis par la voie de la, presse. Voilà deux ans que le Times publie chaque jour le temps probable du lendemain et du surlendemain pour les côtes de la Grande-Bretagne. A côté de ces prédictions, un autre tableau fait connaître le temps qu’il faisait la veille. Ainsi chacun peut, en consultant les journaux, voir à quel degré les