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Varsovie et Moscou; la Belgique, Bruxelles; la Suède, le Danemark et la Norvège, Copenhague, Stockholm et Haparanda. Enfin on recevait même les observations de Constantinople et d’Alger, quoique un peu irrégulièrement à cause de la distance. Tous ces documens étaient publiés chaque jour par le Moniteur et reproduits par les autres journaux quotidiens. Il n’est personne qui n’ait quelquefois consulté avec intérêt ces tableaux météorologiques; néanmoins les indications thermométriques paraissaient avoir seules le privilège de fixer l’attention. Au milieu de l’hiver, c’était un éternel sujet d’envie pour l’habitant de Paris que cette température de 18 à 20 degrés qui règne à Alger pendant la mauvaise saison, et il se consolait à peine du froid modéré qui sévissait en France en remarquant les froids excessifs qui affligeaient Haparanda, Saint-Pétersbourg et toutes les villes de l’Europe septentrionale. L’observatoire de Paris a cessé de publier les relevés météorologiques quotidiens. Peut-être ne satisfaisaient-ils qu’un intérêt de curiosité banale; les hommes de science n’y trouvaient pas une exactitude suffisante, et le but utile que l’on s’était proposé n’avait sans doute pas été atteint. Les observations n’inspirent la confiance qu’autant qu’elles sont faites avec soin, et le nombre des stations météorologiques était trop considérable pour que l’on fût certain d’avoir dans chacune d’elles des observateurs habiles et des instrumens bien réglés.

Le télégraphe électrique permettait, entre les différens ports d’une même côte, rechange de renseignemens d’une utilité moins contestable. La chambre de commerce du Havre vint à demander qu’on lui fît connaître chaque jour la direction des vents régnans à Brest et à Cherbourg. On se rendit à ce désir, et l’on organisa un système de correspondance qui dure encore et qui renseigne deux fois par jour chacun de nos principaux ports sur l’état de la mer et de l’atmosphère dans les parages qui les intéressent.

Les prédictions météorologiques étant surtout utiles aux marins, il n’est pas de pays qui plus que l’Angleterre porte intérêt à cette science. Il n’en est pas non plus où l’étude des météores paraisse plus facile et plus féconde en résultats. Isolées au milieu des mers, les îles britanniques reçoivent les vents du large sans que les montagnes en aient détourné le cours ou altéré la force. Il y a deux ans que le contre-amiral Fitz-Roy eut l’idée d’employer les observations météorologiques comparées pour prédire le temps deux ou trois jours à l’avance. Voici comment il procède. Les côtes de la Grande-Bretagne sont divisées pour cet objet en sept régions tellement choisies que le climat et les conditions atmosphériques y soient presque semblables. Un certain nombre de villes dans chaque région sont pourvues d’appareils convenables et transmettent chaque