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Midsi (la ville) a 38 kilomètres carrés[1] de superficie. Une partie, Hondjo, située à l’est du château, a déjà été décrite. Le quartier qui est au ord du château couvre une surface de 26 kilomètres carrés, dont le tiers environ est consacré à des édifices religieux. Le mausolée du taïkoun seul, placé dans un beau parc d’une lieue de circonférence, est environné de trente-huit temples. On doit mentionner encore dans le même quartier les temples de Quannon, d’Amida, de Confucius et de Kanda, le patron de Yédo. Le temple de Quannon. — les Européens le désignent généralement sous le nom d’Akatsa, — est un des plus beaux et des plus vénérés du Japon. De toutes parts on y vient en pèlerinage. Il est bâti près du fleuve O-kava, non loin du pont d’Adsouma, et au centre d’un vaste parc où l’on voit plusieurs maisons de thé ainsi que des boutiques remplies de rosaires, d’images et de livres de piété. Ce jardin se transforme à certains jours en un véritable champ de foire ; on y montre et on y vend des animaux privés et sauvages, des plantes rares, des statuettes en cire, et beaucoup d’autres choses propres, à attirer l’attention des nombreux pèlerins, qui viennent faire leurs dévotions. Le sanctuaire qui renferme l’idole sacrée est au bout d’une longue avenue dallée en pierres et plantée d’arbres au pied desquels on élève les baraques des marchands et des saltimbanques. Cette avenue est infestée de mendians qui étalent là leur hideuse misère et implorent par leurs cris pitoyables la charité des passans. A l’entrée de l’allée, on trouve un portail en bois verni rouge au milieu duquel sont suspendues trois lanternes colossales en papier de couleur; le vernis du portail n’a rien perdu de son éclat ni de sa fraîcheur, quoique depuis bien des années il ait été exposé à toutes les intempéries de l’air. A l’extrémité de l’allée, près du temple, on voit dans une écurie, soigneusement entretenue un cheval sacré, dont la robe sans tache est d’une blancheur de lait. Chaque jour, à la même heure, il est magnifiquement harnaché et conduit en grande cérémonie auprès de l’idole. Un des prêtres demande à la déesse Quannon-sama si elle désire sortir de sa demeure, et ordonne, après avoir attendu, une réponse qui ne vient jamais, que l’on ramène l’animal à l’écurie, Le temple, grand édifice carré, est exhaussé, de quinze à vingt pieds au-dessus du sol. Un perron donne accès à l’intérieur, qui le soir, est fermé par des partes massives en bois couvertes de lames de cuivre. A gauche du maître-autel, dans une chapelle latérale, on y voit un tableau qui offre un curieux échantillon des mœurs du Japon : il représente .des courtisanes qui se

  1. En ajoutant à ce chiffre 4 kilomètres carrés pour la surface du château et 12 kilomètres carrés pour la surface du Soto-siro, on retrouve l’aire totale de Yédo, qui est de 85 kilomètres carrés.