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fer de nouveaux germes d’activité, celui de Cadix ne soit placé dans une position exceptionnellement favorable. A elles seules, les nouvelles voies de communication auraient pu suffire pour compenser en sa faveur l’amoindrissement que lui avait infligé l’émancipation des colonies espagnoles, si déjà certaines mesures économiques n’avaient aidé Cadix à s’en relever. On peut en être sûr, ce port verra grossir la somme de ses affaires avec le nord-ouest de l’Afrique comme avec la partie méridionale du continent américain; mais parce qu’il est situé à l’extrémité de l’Europe occidentale, est-ce une raison pour lui prédire qu’il supplantera dans leur rôle les places les plus solides de l’Occident? Cette conclusion me semble des plus hasardées. Il est évident, en premier lieu, que pour les marchandises, pour les gros transports, l’avantage de la proximité relative est ici tout à fait insignifiant. Pour les objets qui doivent franchir les Pyrénées, la voie de Cadix sera toujours fort onéreuse. Une fois sur le bâtiment, l’intérêt des marchandises est de gagner directement le port qui les rapproche le plus du lieu où elles doivent être consommées. Ce n’est point parce que des navires partis du Chili, du Pérou, ou même de Buenos-Ayres ou du Brésil, débarqueraient à Cadix au lieu de venir dans nos ports de l’Océan ou de la Manche, que le fret serait sensiblement diminué. Point de compensation dès lors pour le prix du parcours en chemin de fer. Quant aux voyageurs, c’est différent : réduire le temps de la traversée en mer, tel est leur principal désir. Si les armateurs de Cadix comprennent bien les avantages qui leur sont offerts, c’est de ce côté-là qu’ils tourneront leurs efforts. Ils ont besoin d’une application soutenue pour organiser des services très rapides, les seuls qui puissent convenir à leur future clientèle. Les perspectives ouvertes du côté de la mer à Cadix auront surtout de l’attrait pour les touristes capricieux, qui trouveront, en passant par les provinces méridionales de l’Ibérie, des sites magnifiques, jusqu’ici peu visités, et les célèbres monumens élevés par les Arabes.

Des observations analogues s’appliquent à l’avenir des ports méridionaux de l’Italie. Supposez à Brindes, à Otrante ou à Tarente des paquebots à vapeur pour la Grèce, l’Egypte, l’Asie-Mineure, les régions méridionales de la Turquie d’Europe, et il y a des raisons de croire qu’une fois les soudures terminées au nord avec les chemins du centre de l’Allemagne, cette route, délaissée depuis des siècles, reprendra faveur devant une partie de l’Europe. A bien considérer la carte cependant, c’est moins sur les voyageurs s’embarquant à Marseille qu’elle devra exercer sa séduction que sur ceux qui préféreraient suivre la direction du Danube pour aboutir à la Mer-Noire par le tronçon ferré de Tchernawoda à Kustendjé. Il est du reste une sérieuse considération trop souvent mise en oubli dans