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trouverait détenir en dernier lieu les articles perdus, égarés ou détériorés. Cette rigidité n’enlève point aux compagnies le droit de faire prendre connaissance sur place de toutes les réclamations et de tous les documens qui les intéressent. Le clearing house est lui-même autorisé à opérer toutes vérifications réclamées par l’une ou l’autre des exploitations associées. Nulle demande en rectification d’erreurs ne peut remonter au-delà de deux années, à moins d’un consentement formel du comité supérieur. Lorsqu’il y a dissidence entre des compagnies sur la division même des recettes du trafic commun, le clearing house peut suspendre le règlement de la somme contestée, sauf à procéder à la répartition de l’excédant selon la forme accoutumée.

Autres précautions contre les abus. — Une compagnie a-t-elle, dans son système de voies, deux routes conduisant à un même lieu, elle est censée avoir suivi la plus courte, à moins que notification d’un accord spécial en sens contraire n’ait été faite par les différentes exploitations intervenantes. Si même un détour était rendu nécessaire par suite d’un éboulement ou d’une inondation, les bases du calcul ordinaire ne seraient pas modifiées tant qu’on n’emprunterait pas les rails d’une autre compagnie. En cas de dissidence sur des applications quelconques, des conférences périodiques entre les directeurs-généraux des sociétés exploitantes permettent à chacune d’elles de produire ses observations et ses vues. Les préposés au service des marchandises ont aussi leurs conférences particulières, dont l’objet et les conditions sont déterminés par le règlement social. On a rédigé des instructions minutieuses pour diriger l’action des employés dans les comptes relatifs au transport. Chaque branche a ses règles propres : les unes concernent les voyageurs, les autres les grosses marchandises, d’autres enfin la petite messagerie ou le bétail vivant. Certes, malgré toutes les précautions, malgré toutes les garanties, il y a place à l’erreur; mais il n’en reste plus à l’arbitraire.

En présence de cette institution si fortement constituée et rendant des services si manifestes, on se demande tout naturellement si une création analogue ne trouverait pas désormais sur le continent une suffisante raison d’être dans la longueur des trajets jointe à la multiplicité des concessions. C’est là une question dont les compagnies feront bien de se préoccuper dans les différens pays. Elles doivent examiner si l’établissement d’un Railway clearing house continental sur des bases analogues à celles de l’institution britannique ne serait pas de nature à simplifier et à faciliter toutes les évolutions du service international. On conçoit qu’un tel besoin ne se soit pas déjà produit en France, où le nombre des exploitations est si restreint; mais la même difficulté qu’ont ressentie les Anglais se présentera