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première fois en 1611 par un capitaine hollandais qui lui a donné son nom, puis revue de loin en loin par les baleiniers de la même nation qui fréquentaient ses parages pendant le XVIIe siècle. Elle s’étend du nord-est au sud-ouest, n’a guère que dix lieues de long et jamais plus de trois lieues de large : elle est comprise entre 70° 49’ et 71° 8’ de latitude. Scoresby, le grand navigateur des mers polaires, la visita pour la première fois en 1817. Le trait caractéristique de Jan Mayen, c’est le volcan appelé Beerenberg, qui s’élève à 2,290 mètres au-dessus de la mer. Sa forme est celle d’un cône tronqué, et ses flancs sont couverts de coulées de laves alternant avec des glaciers qui descendent jusqu’à la mer. La plage est couverte de bois flottés qui viennent y échouer, apportés par le courant du gulf-stream. Scoresby fit l’ascension d’un petit volcan auquel il donna le nom du navire qu’il commandait, l’Esk de Withby. En 1633, sept matelots hollandais voulurent hiverner dans cette île; mais tous succombèrent au scorbut : le dernier mourut le 30 avril 1634. C’est la destinée invariable de tous ces courageux Hollandais qui essayèrent de passer l’hiver dans ces latitudes. Toutefois l’hivernage serait possible dans de bonnes conditions hygiéniques, avec l’usage de conserves et l’abstention complète de viandes salées. Le journal météorologique de ces braves marins ne s’arrête que le 30 avril, lorsque le dernier, d’une main déjà glacée par la mort, laissait échapper la plume : il nous apprend qu’outre un froid très intense, ils eurent à souffrir des vents violens et de tempêtes hibernales. La première neige datait du 28 août, et il en tombait encore au commencement d’avril. La mer est obstruée par les glaces dès le mois d’octobre. Les ours blancs arrivent en novembre, et ces visites se répètent jusqu’au mois de mars. Pendant ce mois, les baleines sont très communes autour de l’île. Le dernier jour d’avril, le temps fut magnifique. Au-dessous de cette note est le mot... mourir.

La visite de lord Dufferin en 1856 n’a rien ajouté à nos connaissances sur l’île Jan Mayen. Lord Dufferin se trouvait en Islande en même temps que le prince Napoléon. La Reine-Hortense donna la remorque au yacht du lord et s’avança jusque dans le voisinage de l’île Jan Mayen; mais, sa provision de charbon étant épuisée, elle fut forcée de revenir. Lord Dufferin s’approcha de l’île à travers les glaces et les brumes, entrevit un sommet pendant quelques minutes, parvint à prendre terre, mais fut obligé de se rembarquer au bout d’une heure, parce que les glaces flottantes menaçaient de lui fermer le passage pour retourner à son bord.

Les volcans de Jan Mayen ont donné des preuves de leur activité. Un bourgmestre de la ville de Hambourg, Anderson, raconte, dans un ouvrage publié en 1746, qu’un baleinier du Groenland, appelé