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quand on saura que la température moyenne de l’année est à 1 degré centigrade au-dessous de zéro; les températures des différentes saisons sont approximativement les suivantes :

Hiver — 8°
Printemps — 5°
Eté + 6°
Automne. + 2°

En hiver, le thermomètre descend quelquefois à — 15°, mais rarement au-dessous; en été, le maximum est en général de +15°. La plus grande amplitude de l’oscillation thermométrique est donc de 30 degrés centigrades.

En face de la maison de M. Ulich s’élève un promontoire; c’est le plus avancé du continent européen. Le sommet est à 316 mètres au-dessus de la mer, mais il n’a ni la majesté ni la célébrité de celui qui porte le nom de Cap-Nord, et qui termine l’île Mageroe, la plus septentrionale de l’Europe. Sur les pentes de ce Cap-Nord continental, j’observai les plantes des environs de Hammerfest : des bouleaux blancs rabougris, le bouleau nain en abondance et quelques bouquets du saule des Lapons. Au sommet se trouve un signal circulaire, formé de pierres entassées, et qui ressemble à la base d’une tour. Les plantes phanérogames avaient disparu de ce cap battu sans cesse par les vents qui viennent l’assaillir librement de tous les points de l’horizon; mais la terre était littéralement blanche de lichens : ils envahissaient tout le terrain et même les branches desséchées des arbustes qui avaient essayé de s’y établir. Cet aspect me rappela le beau tableau par lequel Linné termine ses prolégomènes de sa Flore de Laponie. « La dynastie des palmiers règne sur les parties les plus chaudes du globe, les zones tropicales sont habitées par des végétaux frutescens; une riche couronne de plantes entoure les plages de l’Europe méridionale, des troupes de vertes graminées occupent la Hollande et le Danemark, de nombreuses tribus de mousses se sont cantonnées dans la Suède; mais ce sont les algues blafardes ou les blancs lichens qui végètent seuls dans la froide Laponie, la plus reculée des terres habitables. Les derniers des végétaux couvrent la dernière des terres. »

En sortant du détroit de Havoe, nous passâmes près d’une île peu élevée, la verte Maasoe, autrefois habitée, maintenant déserte, et nous allâmes coucher le soir dans une petite baie de l’île Mageroe, appelée Giestvaer, où demeurent un pauvre marchand et quelques pécheurs. Nous y passâmes une partie de la nuit et repartîmes le lendemain pour le Cap-Nord. Nous découvrîmes bientôt les Stappen, noirs écueils qui s’élèvent comme des tours au sein des flots. De nombreux oiseaux de mer, des mouettes, des goélands, des stercoraires, volaient à l’entour ; ces derniers, vrais forbans de l’air, font la chasse aux oiseaux plus faibles qu’eux, les forcent à rendre