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bien réglé, et il ne serait pas impossible d’en résumer la pensée... — Mais tout ceci m’assiège tumultueusement l’esprit, et je ferai bien d’écrire à mesure, puisqu’il y a ici de la lumière... (voyant l’arbre) Ah! ah! la jolie de maître Pérégrinus triomphe; la voici dans tout son éclat! Il faut lui rendre le service de détruire encore une fois ce trophée de sa démence, car il n’est pas plus père que moi, et il n’engendrera jamais que des sottises, (Il va pour renverser l’arbre, qui s’éteint tout entier subitement avant qu’il y ait porté la main.)

LA VOIX DU SPECTRE.

Touchez pas!


SCÈNE III.

{{c|La chambre n’est éclairée que par le reflet verdâtre de la lune. Le spectre sort du milieu de l’escalier que Max vient de descendre. Max le regarde un instant dans un silence méditatif.

MAX, LE SPECTRE.

MAX.

Qui êtes-vous?

LE SPECTRE.

Tu me connais bien! (son visage s’éclaire d’une lueur plus nette.)

MAX, surpris.

J’ai connu le vieux Rossmayer dans mon enfance, et vous êtes quelqu’un qui lui ressemble, voilà tout!

LE SPECTRE.

C’est pourtant lui que tu vois.

MAX.

Laissez-moi donc tranquille! Vous êtes mort et enterré depuis vingt-trois ans, mon brave homme !

LE SPECTRE.

On a beau être un grand savant, on ne sait pas tout, petit Max! Cherchez, enfans, le secret de la vie; mais celui de la mort, touchez pas, touchez pas!

MAX.

Petit Max.’... touchez pas!... — Ma foi, vous l’imitez bien, je crois l’entendre.

LE SPECTRE.

Tu me vois et tu m’entends. Est-ce qu’on meurt? Est-ce que la vie se pourrit comme une vieille noix mise en terre?

MAX.

Ce n’est pas trop mal raisonné pour un mort, et tout à l’heure justement je pensais, à propos d’une noix et d’une montre;... mais je ne veux pas rêver tout éveillé, ni m’égarer le cerveau dans le souvenir de vos vieux paradoxes. L’esprit ne revêt pas le mè.ne corps qu’il a usé, que diable!

LE SPECTRE.

Qu’en sais-tu?

MAX.

J’en sais,... j’en sais... Vous prétendez avoir repris le cours de votre