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PÉRÉGRINUS, naïf.

Ah ! fi !… (Haut.) Je vous remercie, mademoiselle Nanni. Je ne veux pas vous retenir plus longtemps. (Max va s’asseoir sur le fauteuil de gauche.)

MAX, vivement.

Ah ! mais non ! Je soupe ici, moi, et si ton nouveau valet sert les mets comme il ouvre les portes, j’aime autant que Mlle Nanni s’en mêle.

NANNI.

Oui, oui, je vais veiller au souper ; n3 vous tourmentez de rien, monsieur Tyss !

PÉRÉGRINUS.

Vous êtes trop bonne !… (La prenant à part au fond.) Et dites-moi : vous n’avez pas vu ?… on n’a pas apporté ?…

MAX, qui l’écoute sans se déranger.

Un grand panier ? Si fait, si fait ! Il est rangé. Allez, allez, mademoiselle Nanni, ceci me regarde, (Nanni sort.)


SCENE IX.
MAX, PÉRÉGRINUS.
PÉRÉGRINUS, inquiet.

Alors ce panier…

MAX.

Il ne s’agit pas de panier ! Assieds-toi là, que je t’interroge !

PÉRÉGRINUS va s’asseoir devant l’établi.

Tu veux m’interroger ? Sur quoi ?

MAX.

Comment te sens-tu ?

PÉRÉGRINUS.

Où prends-tu que je sois malade ?

MAX.

Réponds !

PÉRÉGRINUS.

Je me sens bien. Après ?

MAX.

Voyons ton pouls !

PÉRÉGRINUS.

Pourquoi ? Ah ! c’est quelque étude que tu fais sur la circulation ?… (Pendant que Max compte les pulsations.) Tu es donc enfin décidé à te faire médecin ?

MAX.

Médecin, moi ? Dieu m’en garde ! C’est bien le plus sot métier !…

PÉRÉGRINUS.

Ah ! je croyais… Qu’est-ce que tu veux donc faire de toute ta science ?

MAX.

Il ne s’agit pas de moi… Regarde-moi là, dans les yeux !