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NANNI.

Oh ! dame ! vous êtes savant, vous, monsieur le docteur !… Mais… voyez…

MAX.

Faites-lui faire un demi-tour à droite, elle entrera.

NANNI.

Je vous jure qu’elle ne veut pas.

MAX.

Elle ne veut pas ? Voyez-vous cette bûche remplie de malice ! (Il pousse la bûche avec son pied.) Tenez, la voilà qui entend raison.

NANNI.

Mais elle sort trop, elle fumera.

MAX.

Eh bien ! laissez-la se raccourcir en brûlant, et vous la pousserez tout à fait. (A part.) Cette grande fille manque de raisonnement, et je perdrais mon temps à vouloir l’interroger sur ce qui se passe ici. Il vaut mieux voir par soi-même.

NANNI.

Ah ! j’entends Fritz en bas ! (Elle va au fond.) Qu’est-ce que c’est ? Un paquet à recevoir ? J’y vais. (Elle sort.)


SCÈNE V.
MAX, assis à gauche.

Je suis bien sûr qu’Ignace m’a dit la vérité ce matin, et qu’on ne l’a pas renvoyé pour d’autre méfait qu’un peu de bavardage. Pauvre Pérégrinus ! cela devait arriver ! Une tête faible, des idées puériles, une vie mal employée, c’est-à-dire pas employée du tout ! Un bel état, horloger ! On devient horloge soi-même, on se meut sur place dans un étui ! Il y a fait sa fortune, je le veux bien ; mais il y a défait son intelligence, (Il retourne à l’établi.)


SCÈNE VI.
MAX, NANNI, au fond, parlant à la cantonale. Elle porte une grande corbeille couverte.
NANNI.

Oui, oui, c’est dix thalers à inscrire pour le compte de monsieur. C’est bien ! fermez la porte comme vous pourrez, Fritz ! (Elie passe au fond, se dirigeant vers la salle à manger.)

MAX.

Mademoiselle Nanni !

NANNI, s’arrêtant.

Quoi, monsieur ?

MAX.

Qu’est-ce que vous portez donc là ?