Notre beau pays de France, si remarquable entre tous par la variété de ses terrains et l’harmonie de ses contrastes, complétait autrefois par un véritable désert la série de ses régions géographiques.
A peine avait-on quitté Bordeaux et son grand fleuve parsemé de
navires, qu’on se trouvait dans une plaine sans bornes visibles, et
couverte de plantes sauvages jusqu’à l’extrême horizon. Bientôt on
se perdait dans la morne solitude, et l’immense espace n’offrait plus
un signe qui rappelât l’existence de l’homme. En s’engageant au
hasard sur cette plaine déserte, on risquait de voyager pendant des
journées entières à travers les broussailles et les marais avant de
rencontrer une misérable cabane, habitée peut-être par quelques
malheureux tremblant la fièvre. De petites oasis, cultivées par des
habitans sédentaires, se cachaient çà et là sur le bord des ruisseaux;
mais la plus grande partie de la population se composait de bergers
nomades, poussant devant eux leurs troupeaux de brebis. Telle était
la ressemblance apparente entre les landes françaises et les déserts
de l’Orient, que, sans tenir compte des différences du sol et du climat, on a diverses fois tenté d’acclimater le chameau dans les espaces qui s’étendent au sud de Bordeaux. C’est dans la zone septentrionale de cette région, jadis si désolée et maintenant si riche d’avenir, que nous voudrions aujourd’hui conduire le lecteur et con-
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LE
LITTORAL DE LA FRANCE
II.
LES LANDES DU MEDOC ET LES DUNES DE LA COTE