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son service, en attendant la venue du mécanicien. Celui-ci et son aide complètent la préparation. Le chef du dépôt (relais où remisent les machines) préside en personne à tous ces travaux, Sur la voie, il y a les inspecteurs faisant leur visite à l’improviste, et les chefs des dépôts intermédiaires, dont la présence est obligée à; chaque passage de train. A l’arrivée, la machine passe pièce à pièce aux mains des nettoyeurs, puis, s’il y a lieu, des ouvriers mouleurs. En résumé, vingt personnes au moins ont inspecté minutieusement le matériel dans un parcours de 500 kilomètres.

Afin que les inspections principales au départ et à l’arrivée soient sérieuses et non superficielles, un délai de plusieurs heures s’écoule toujours entre deux services : la machine qui part le matin de Paris pour Épernay n’en reviendra que le soir, et le mécanicien reposé portera sans peine dans son travail cette attention de tous les instans qui est la première garantie de sécurité. Le repos quotidien ne suffit pas : chaque semaine, la machine reste au moins deux jours au dépôt, pendant lesquels on procède à des visites et à des nettoyages à fond, ainsi qu’au réglage général.

On peut maintenant comprendre comment il est possible d’entretenir et de transformer le matériel des chemins de fer relativement À peu de frais, et comment se trouve résolu le problème de la sécurité au milieu de tant de détails dangereux dès qu’il y a fatigue, usure ou avarie. Des soins extraordinaires et le contrôle dans la création primitive, une inspection continuelle pendant le service, une réparation de tous les jours, la préoccupation constante de ne point abuser du matériel et de ne pas lui demander toute la force qu’il possède, des chômages périodiques précédant l’époque où l’usure peut dégénérer en délabrement: tels sont les moyens consacrés par l’expérience. La conclusion est que le matériel dure indéfiniment, que ses élémens se renouvellent chaque jour, que la dépense est une charge quotidienne qui a commencé presque avec l’exploitation. Avec la réfection périodique se font les changemens qu’indique le progrès sans charge nouvelle. En remplaçant un organe, on lui fait revêtir la dernière expression de l’art, et, comme ce renouvellement n’est que trop rapide, il est rare que le génie des inventeurs soit en avance. La voie a déjà été refaite plusieurs fois; les vieux rails sont retournés aux forges, qui en ont rendu d’autres plus forts et de meilleure forme pour porter les grosses locomotives nouvelles. Celles-ci ont renvoyé les petites machines d’autrefois sur les embranchemens secondaires, lorsqu’elles ne se sont pas fortifiées elles-mêmes à mesure qu’elles rentraient aux ateliers. Les unes ont reçu de grandes roues, à d’autres on a remplacé les cylindres usés par des cylindres plus forts; ici les organes ont été consolidés pour un plus rude service; là, en démontant la chaudière pour la visite