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UNE
EXPEDITION EUROPEENNE
SUR LE YANG-TSE-KIANG

Five months on the Yang-tsze, with a narrative of its upper waters, by Thomas W. Blakiston. London, John Muray, 1862.

Depuis que les traités de Tien-tsin ont ouvert aux Européens le cours du fleuve Yang-tse-kiang, c’est vers cette région de la Chine que se dirigent principalement les explorations du commerce et les promenades des touristes. C’est par là en effet que l’Europe, si longtemps retenue dans quelques ports du littoral maritime, doit pénétrer définitivement au cœur de l’empire. Le Yang-tse-kiang traverse la Chine de l’ouest à l’est, arrosant les plus belles provinces, baignant les murs des cités les plus populeuses, et répandant sur ses deux rives la vie et la richesse. Par sa position centrale, il commande toute la Chine. L’insurrection qui a éclaté dans le sud en 1850 n’est devenue formidable que lorsqu’elle s’est rendue maîtresse de son cours en occupant Nankin, et tant qu’elle conservera cette base d’opération, elle menacera sérieusement la dynastie tartare. Le rôle commercial du Yang-tse-kiang n’est pas moins important que son rôle politique. La plupart des produits agricoles et industriels de l’empire empruntent les eaux du fleuve, soit pour descendre à la mer, soit pour se distribuer, par les nombreuses artères que forment les canaux, entre les différentes provinces du nord et du sud. A tous ces points de vue, l’admission des navires étrangers dans le Kiang (nous abrégeons ainsi le nom du fleuve) est une véritable conquête pour l’Europe. Aussi le premier soin de lord