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I

Parmi les services dont l’état et les paroisses se partagent la responsabilité et quelquefois la dépense, le plus important est celui des workhouses, littéralement maisons de travail. Les écoles de ces établissemens ont une physionomie distincte et un régime particulier. On sait que ces maisons de travail, qui seraient mieux nommées geôles des pauvres, sont issues de l’acte de réforme de 1834. Avant cet acte, le pauvre, inscrit sur les listes de la paroisse, jouissait librement de secours extérieurs ; aujourd’hui il ne reçoit d’assistance, dans presque tous les cas, qu’à la condition d’être caserne et occupé. La profession de pauvre, autrefois des plus douces, est devenue assez incommode, et pourtant elle a encore un nombreux personnel. Laissons les adultes pour ne nous occuper que des enfans. Dans le cours de 1861, on en comptait 44,608 renfermés dans les workhouses de l’Angleterre et du pays de Galles et 262,204 assistés ou non assistés au dehors. Sur les enfans renfermés, 8,356 étaient des enfans naturels, 25,532 des orphelins ou abandonnés. Sur les enfans jouissant de leur liberté, 126,764 appartenaient à des veuves, 5,736 à des parens incarcérés pour crimes ou délits ; 3,997 étaient illégitimes, 14,334 orphelins ou abandonnés. Si à ces nombres on ajoute 30,000 autres enfans de pauvres dispersés dans des districts dépourvus d’établissemens spéciaux, on arrive à un total de 336,312 enfans qui échappent aux familles pour tomber à la charge de l’état ou des paroisses. Des dispositions très simples ont été prises pour leur assurer quelques élémens d’éducation. Chaque maison des pauvres doit avoir une école, et dans cette école il y a par jour trois heures de classe où l’on enseigne, avec les devoirs religieux, la lecture, l’écriture, les premières notions du calcul et toute autre matière indiquée par les dispositions de l’élève ou le métier auquel il est destiné. À ces écoles sont attachés des maîtres logés dans l’établissement ou dans quelque dépendance. Voilà une organisation complète ou peu s’en faut. Comment a-t-elle tourné ? Quels résultats ont fournis près de trente ans d’épreuves ?

Pour donner à cette expérience sa signification, il faut rappeler en quelques traits ce qu’est un workhouse. Matériellement l’aspect en est assez satisfaisant. Beaucoup d’entre ces workhouses sont des constructions neuves, d’autres des bâtimens récemment appropriés où, quand l’espace l’a permis, on a ménagé des préaux plantés d’arbres. Dans les salles, dans les dortoirs, règne la propreté compatible avec de tels pensionnaires. Il n’y a pas non plus beaucoup à reprendre à leur tenue. Le pauvre laisse ses haillons à la porte et