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mais il pouvait moins facilement déduire de ses observations thermométriques le nombre absolu de calories que les muscles perdaient ou gagnaient dans les différens cas. Il supposa dans ses calculs que la masse musculaire échauffée était équivalente en poids à un demi-kilogramme. Il supposa que la capacité du tissu musculaire pour la chaleur était égale à celle de l’eau. C’étaient là d’ailleurs des conjectures assez incertaines. Aussi a-t-il donné, en le reconnaissant lui-même, un nombre beaucoup trop grand pour l’équivalent mécanique de la chaleur. Toutefois l’inexactitude de la mesure n’ôte rien à la certitude du fait observé.

Que ressort-il en résumé des travaux de M. Hirn et de M. Béclard ? C’est que la combustion respiratoire, qui joue un rôle prépondérant dans la vie matérielle, développe à l’intérieur du corps une quantité de chaleur qui peut se répandre tout entière au dehors sous forme calorifique, qui peut aussi partiellement, suivant la volonté de l’homme, se convertir en mouvement ou en travail. Nous disons mouvement ou travail, car encore une fois, que l’homme déplace des objets extérieurs ou qu’il se déplace lui-même en prenant un point d’appui au dehors, qu’il gravisse l’escalier de M. Hirn ou qu’il soulève le poids de M. Béclard, c’est tout un. Comment d’ailleurs s’exerce cette action de la volonté qui transforme partiellement la chaleur animale en effets mécaniques ? Comment le nerf qui est le véhicule de la volonté excite-t-il le muscle ? C’est là un problème physiologique que nous n’avons point à aborder ici. Nous pouvons seulement faire en passant une remarque qui ne manque pas d’une certaine importance et qui se déduit naturellement de tout ce qui précède. C’est que le nerf n’a pas besoin d’avoir en lui-même, comme oh le lui a quelquefois demandé, tout le mouvement qu’il suscite dans le muscle. Il n’intervient au contraire, suivant ce que nous venons d’exposer, que pour susciter l’action du mécanisme au moyen duquel le muscle emprunte directement à la chaleur animale le travail qu’il doit produire.

Il est naturel de se demander dans quelles limites peut se faire cet emprunt. Une partie seulement de la chaleur animale peut se convertir en travail. Est-ce une fraction plus ou moins forte de la chaleur totale ? On peut répondre, d’après les données de M. Hirn, que c’en est à peu près la moitié ; mais ici il est important de s’entendre sur la valeur absolue que prend cette chaleur totale suivant que l’homme est à l’état de repos ou à l’état de travail. Une objection pourrait en effet se présenter au nom de l’expérience vulgaire, et il n’est pas inutile de la prévoir. Le mouvement, le travail, disent MM. Hirn et Béclard, se produisent aux dépens de la chaleur animale, dont ils consomment une notable partie. Et cependant tout le