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après chaque ascension sans que la main eût à le soutenir pendant la descente : c’était la main gauche qui était chargée de remplit cette fonction à l’aide de la corde et des poulies. En comparant les observations thermométriques, M. Béclard trouva que la chaleur due à la contraction statique surpassait d’un degré la chaleur due à la contraction dynamique. Cette chaleur, qui disparaissait lorsque le muscle contracté élevait un poids, était évidemment l’équivalent du travail extérieur que le muscle produisait.

Une seconde série d’expériences fut faite pour ainsi dire en sens inverse. La main droite commençait toujours par soutenir le poids à l’état de repos ; mais ensuite, au lieu de monter le poids, elle le soutenait à la descente un certain nombre de fois, la main gauche se chargeant alors, au moyen de la corde et des poulies, de produire les ascensions. Qu’arriva-t-il ? C’est que les phénomènes calorifiques devinrent inverses. Le muscle prit une température plus élevée quand il soutenait le poids à la descente que quand il le maintenait à l’état de repos. De même que, dans la première série d’essais, le travail qu’il accomplissait lui laissait moins de chaleur que l’état statique, de même, dans la seconde série, le travail qui en dehors de lui s’accomplissait lui en laissait une plus grande quantité.

M. Béclard mettait d’ailleurs encore ces résultats en relief par une série accessoire d’expériences qui résumait en quelque sorte les précédentes. Il commençait par opérer avec la main droite toutes les ascensions du poids pendant que la main gauche le soutenait à chaque descente ; puis au contraire il le soutenait à chaque descente avec la main droite pendant que la main gauche opérait toutes les ascensions. Les différences calorifiques observées dans les essais précédens s’ajoutaient naturellement dans cette dernière expérimentation, et le phénomène étudié s’accusait ainsi plus nettement.

De ces recherches sur la contraction musculaire, on peut donc tirer l’enseignement suivant : la contraction musculaire est une oxydation, et si elle ne produit aucun travail extérieur, elle dégage une certaine quantité de chaleur proportionnelle à la quantité d’oxygène qui est absorbée ; mais si elle produit un travail, elle dégage une quantité de chaleur plus petite, de telle sorte que la quantité de chaleur et la quantité de travail développées soient complémentaires l’une de l’autre. La chaleur qui apparaît dans le muscle contracté comme résultat de l’action chimique est diminuée de toute celle qui s’est transformée en travail mécanique.

La forme simple et précise des travaux de M. Béclard devait le porter à chercher la valeur numérique du rapport qui lie le travail produit à la chaleur correspondante. Il connaissait directement le nombre de kilogrammètres développés par le mouvement du poids ;