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le rayon moyen est à peu près de 12 kilomètres. Elle s’appelait jadis Forêt de Bierre nom que portait également le pays voisin, qui était un canton du Gâtinais. Il vient, dit-on, de Bierra, guerrier danois surnommé Côte de Fer) qui en 845 campa dans les environs avec son armée et y commit d’affreux ravages. Ce n’est que vers le milieu du XIe siècle qu’on voit apparaître le nom de Fontainebleau, dû à une fort belle source qui existe encore dans le parc anglais du château, mais qui a été bien amoindrie à la suite de travaux exécutés sous le premier empire[1].

Dans l’étude d’une forêt, comme dans celle d’une contrée quelconque, la première chose à examiner, c’est la nature du sol. De là dépendent en effet la configuration et la fertilité des terrains, la présence ou l’absence des cours d’eau, les différens systèmes de culture à appliquer, et jusqu’à, un certain point les habitudes des populations. Le sol sur lequel repose la forêt de Fontainebleau appartient aux terrains tertiaires parisiens, et doit sa formation au même cataclysme qui fit émerger ceux-ci du sein des mers.

En remontant le cours sans fin des âges géologiques, à une époque éloignée de nous d’un nombre incalculable de siècles, les eaux recouvraient tout ce que nous appelons aujourd’hui le bassin de Paris, qui correspond à peu près à l’ancienne Neustrie. Les terrains servant de fond à cette mer étaient les terrains crétacés, qui eux-mêmes s’appuyaient sur la formation jurassique, émergée sur d’autres points par des révolutions antérieures, mais qui formait ici une dépression occupée par les eaux. Celles-ci, tantôt lacustres, tantôt marines, déposèrent sous forme de couches parallèles les diverses substances terreuses que les fleuves d’alors entraînaient avec eux et qu’ils déversaient dans l’Océan. Ces couches, dont la nature varie suivant l’époque de la formation, sont au nombre de neuf principales, superposées les unes aux autres ; ce. sont, à partir des plus anciennes : l’argile plastique, les sables inférieurs, le calcaire grossier, les sables moyens, le calcaire lacustre inférieur, les marnes gypsifères, les sables supérieurs, le calcaire lacustre supérieur, enfin les argiles et meulières supérieures. Déposées en dernier lieu,

  1. Quant à la dernière syllabe du mot, on en raconte l’origine de trois manières : le président De Thou dit que les eaux de la fontaine parurent si belles au premier chasseur qui la découvrit, qu’il l’appela Fontaine de Belle Eau (Fons Bellaqueus). C’est la version et le nom adoptés au XVIIe siècle. André Fauvin raconte qu’un chien nommé Bleaud conduisit son maître mourant de soif auprès de cette fontaine, d’où le nom de Fons Bleaudi ou Blaaldi, ainsi qu’on écrivait dans le latin du XIIIe siècle. Enfin une autre version prétend qu’il existait très anciennement, au lieu où s’élève aujourd’hui le château, un domaine seigneurial appelé le Bréau, d’où serait venu le nom de Fontaine Bréau. Une des pièces d’eau du parterre s’appelle encore aujourd’hui le Bréau.