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ETUDES FORESTIERES

LA FORET DE FONTAINEBLEAU

Après la configuration du sol, ce qui caractérise le mieux la physionomie d’une contrée (features) comme disent les Anglais), ce sont les forêts. Qu’elles s’étendent dans les plaines, en déroulant le long des fleuves un océan de feuillage, ou qu’elles parent d’une éternelle verdure les flancs abrupts des montagnes, le paysage qu’elles animent prend un caractère particulier. Ces massifs d’arbres qui se succèdent à perte de vue sont plus qu’un simple ornement, ils sont pour le savant comme pour l’économiste un inépuisable champ d’études.

Nulle part on n’étudie mieux les lois qui régissent la nutrition des plantes. Les essences forestières, qui végètent pendant de longues années abandonnées à elles-mêmes, sont en effet particulièrement exposées à l’action incessante des phénomènes météorologiques. Plus directement soumises à l’influence du climat, elles ne peuvent jamais prospérer que dans la zone botanique qui leur a été assignée. La région du sapin n’est pas celle du chêne, et le hêtre végète là où le châtaignier ne pourrait supporter les rigueurs de l’hiver. Les conditions indispensables pour qu’un végétal puisse vivre et se perpétuer quelque part, c’est d’abord que les températures extrêmes ne dépassent jamais certaines limites au-delà desquelles il périt infailliblement, ensuite qu’entre la floraison et la maturité du fruit la somme de chaleur nécessaire à la, fructification complète se soit produite. Que la première de ces conditions soit remplie, et la végétation de la plante est possible ; mais la seconde peut ne pas l’être,