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peu praticable, le capitaine Belcher rappelait que, dans un voyage hydrographique sur les côtes d’Afrique, il avait attaché un signal de cette façon par 200 ou 300 mètres d’eau, et qu’il l’avait retrouvé intact au bout de trois ans et demi.

Quoi qu’il en soit, la nature volcanique des Açores est loin d’être, à notre avis, un obstacle sérieux à l’établissement d’une ligne télégraphique, et la ligne qui traverserait cet archipel présenterait plusieurs avantagés sur lesquels il est bon d’insister. L’immense largeur de l’Atlantique est divisée en deux portions. L’une, de 1,300 kilomètres, n’excède ni par sa longueur ni par sa profondeur les ressources actuelles de l’industrie. L’autre partie mesure 2,400 kilomètres de longueur, distancé bien considérable sans doute ; cependant le profil de la mer y est éminemment favorable, car les grandes profondeurs d’eau ont peu d’étendue, et le câble serait divisé en trois fractions à peu près égales par des bas-fonds que l’on pourrait sans doute atteindre en cas de réparation indispensable. Qu’un conducteur soit interrompu, il ne sera pas perdu en entier comme sur les autres lignes ; on le rétablira rien qu’en changeant la portion défectueuse. Si pour remettre en bon état le câble transatlantique d’Irlande à Terre-Neuve il avait suffi de remplacer 400 ou 500 kilomètres de fil, n’est-il pas évident que, cette réparation eût été promptement faite, et que le capital entier n’eût pas été englouti ?

En dépit de l’expérience du passé et de l’étude géographique de l’Atlantique, c’est encore par la ligne directe d’Irlande à Terre-Neuve que les Anglais veulent réunir télégraphiquement les deux continens. Nous avons raconté assez longuement l’entreprise malheureuse de 1858 pour qu’il ne soit pas nécessaire d’insister à nouveau sur les conditions d’établissement de cette ligne. Nous nous bornerons donc à signaler les nouvelles études dont elle a été l’objet et les efforts que quelques ingénieurs font en ce moment pour relever la confiance des capitalistes. En Angleterre, un tel projet, quelque aventureux qu’il paraisse d’abord, attire toujours l’attention du public, tant on apprécie les avantages que produirait l’exécution. On sait qu’il s’agit d’une longueur de 3,200 kilomètres avec des profondeurs d’eau de 4,500 mètres au plus.

Vers la fin de 1862, un bâtiment de la marine royale, le Porcupine, a été chargé d’opérer des sondages sur la route projetée d’Irlande à Terre-Neuve. Le but principal de cette expédition était, paraît-il, de chercher, au sortir des parages de l’Irlande, une pente convenable sur le sol de la mer, afin que le câble pût descendre doucement jusqu’aux fonds de 3,000 à 4,000 mètres sans être jamais exposé à rester suspendu entre deux rochers à pic. Le Porcupine a trouvé sur la côte de Galway (Irlande) un fonds d’atterrissement