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Chine, du Mexique, d’Australie, arrivées la veille, de même qu’elle nous informe aujourd’hui des moindres incidens qui pendant les vingt-quatre dernières heures ont agité tous les coins de l’Europe. Nous sommes loin d’avoir atteint ce but ; mais quels progrès nous avons faits depuis quelques siècles et surtout depuis quelques années ! Déjà pour correspondre entre toutes les grandes villes de l’Europe, de Lisbonne à Saint-Pétersbourg, de Glasgow à Constantinople et Athènes, il suffit de quelques heures. Vers l’est, nous nous étendons à travers la Méditerranée jusqu’en Égypte. Au nord-est, une ligne se continue eh Sibérie et dépasse Tobolsk. Sur toute l’étendue de ce réseau, les dépêches s’échangent sans interruption. En un jour, deux jours au plus, les nouvelles se propagent d’une extrémité à l’autre de l’Europe.

Pour franchir l’Atlantique, les paquebots mettent de 9 à 12 jours, sauf les retards exceptionnels dus au mauvais temps. Communiquant à Queenstown (Irlande) et au cap Race (Terre-Neuve), pointes les plus avancées des deux continens, ils nous donnent des nouvelles d’Amérique en 7 ou 10 jours. New-York correspond télégraphiquement avec le sud jusqu’à la Nouvelle-Orléans, avec l’extrême ouest jusqu’à San-Francisco. Nous recevons quelquefois en 8 jours les dépêches de la Californie. L’Amérique du Sud est plus éloignée ; cependant par Lisbonne, dernier port de relâche des paquebots du Brésil, nous avons le courrier de Rio-Janeiro en 20 jours, de La Plata en un mois. D’autres lignes de paquebots desservent l’Amérique centrale et nous apportent les dépêches des Antilles en 15 ou 20 jours, du Mexique en un mois au plus, du Pérou et du Chili en 35 ou 40 jours.

Vers l’Orient, les lignes télégraphiques sont plus avancées. Grâce aux câbles sous-marins qui relient l’Égypte-à l’Europe, nous communiquons avec Bombay et l’Inde en 16 ou 20 jours, avec. Singapour et la Cochinchine en un mois, avec Shang-haï en 40 jours et enfin avec l’Australie, station extrême de la civilisation, en 50 jours environ. Ainsi en deux mois au plus l’Europe entière peut être informée des grands événemens qui surviennent dans ses colonies. Le monde entier est aujourd’hui, par rapport à l’Europe, ce qu’était, à la fin du siècle dernier, le bassin de la Méditerranée par rapport aux côtes de la Provence ; mais, nous avons honte de l’avouer, la télégraphie sous-marine est pour peu de chose dans la rapidité de ces communications lointaines. C’est à peine si çà et là quelques tronçons se trouvent en exploitation. Cependant elle seule est capable de donner des correspondances promptes, fréquentes, indépendantes du mauvais état de la mer et de la marche des paquebots. Les services de la télégraphie sont d’autant plus appréciables que