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SOUVENIRS
D’ASIE-MINEURE

IV
AMASSIA ET L’INFLUENCE EUROPEENNE EN TURQUIE.


I.

Le surlendemain de notre arrivée à Tchouroum, le 25 novembre 1861, nous partions pour Amassia. Il y a deux jours de route à travers un pays fort ennuyeux, des landes couvertes de genévriers nains et parfois des terres labourées. Quelques bouquets de pins garnissent çà et là les hauteurs. Le paysage ne redevient agréable et intéressant que vers le soir du second jour, deux heures environ avant d’atteindre Amassia, à partir du moment où notre sentier rejoint la vallée du Ieschil-Irmak, ou « Fleuve-Vert, » autrefois l’Iris. C’est une jolie rivière, qui mérite son nom : ses eaux claires sont d’un beau vert foncé qui contraste avec le gris sale des eaux troubles du Kisil-Irmak ou « Fleuve-Rouge, » l’ancien Halys. Des saules, des aunes, baignent dans le courant leurs branchages et leurs racines. Tout alentour, de vastes plantations de mûriers où. se dressent par centaines les magnaneries. L’été, tout ceci doit être d’une riante et fraîche couleur, que font sans doute encore ressortir le grand aspect et la teinte sombre des montagnes qui bornent des deux côtés la