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parties basses du canton de Berne, de Vaud, de Zurich, de Thurgovie, d’Argovie, de Soleure, de Fribourg, de Lucerne, de Schaffhouse et de Bâle.

Longtemps en Suisse, l’attention s’étant entièrement concentrée sur l’économie pastorale* la culture des champs labourés avait été négligée. Les dîmes, les droits de pâture à l’automne sur les terres cultivées, l’attachement aux vieilles coutumes, si prononcé dans les cantons, telles étaient les principales causes qui arrêtaient tout progrès. L’antique assolement triennal, c’est-à-dire la succession toujours identique d’une céréale d’hiver, d’une céréale de printemps et d’une jachère, était partout suivi il y a cinquante ans. Quoique toutes les dîmes ne soient pas encore rachetées, de grandes améliorations ont été accomplies, surtout pendant les vingt dernières années. L’introduction de plus en plus générale de plusieurs plantes nouvelles, de la pomme de terre d’abord, puis des légumineuses, trèfle et luzerne, enfin des plantes oléagineuses, conduisit successivement à une rotation mieux entendue. Aujourd’hui la culture alterne domine, et, par l’influence des écoles et dès nombreuses publications relatives à l’agriculture, elle se répand de proche en proche. Cependant, dans les parties les plus fertiles de la région des collines, en Thurgovie, dans le bassin du lac de Constance et du Rhin inférieur, la succession trop souvent répétée de deux céréales l’une après l’autre rappelle encore l’ancien assolement ; mais du moins la jachère nue, c’est-à-dire tout à fait improductive, a presque complètement disparu. Dans le Tessin, grâce à la fertilité du sol et à l’activité qu’imprime à la végétation le soleil du midi, on obtient, en suivant la rotation lombarde, la même année, après la première récolte, une récolte dérobée de sarrasin, de maïs quarantain ou de millet. Au nord des Alpes, le petit cultivateur qui n’épargne pas sa peine commence également à demander à la terre un double produit en semant des navets dans le chaume, comme on le fait en Flandre, où en y mettant du sarrasin, comme on le voit par exemple entre Coire et le lac de Wallenstadt. Cette pratique, trop peu répandue, devrait, semble-t-il, se généraliser : on obtiendrait ainsi un supplément de nourriture pour le bétail pendant l’hiver, et on recueillerait plus d’engrais. Or c’est par le manque d’engrais que pèche encore maintenant la culture des terres labourées. Les prairies à faucher et les vignes absorbant énormément de fumier, il n’en reste pas assez pour engraisser convenablement les céréales, dont le produit n’est pas en rapport avec la qualité généralement bonne du sol. Le blé primitif, l’épeautre, occupe une grande place dans l’assolement. Chose qui étonne dans un pays où l’industrie est aussi développée, les instrumens aratoires laissent beaucoup à désirer, notamment le premier