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d’obscurité ne donnent point une idée très agréable du Metropolitan railway. Oui, par lui-même ce chemin de fer est triste ; mais l’intérieur des wagons est très gai. Il est assez rare que les Anglais engagent la conversation dans une voiture avec des personnes qu’ils ne connaissent point ; ici pourtant la nouveauté du spectacle, le besoin de narguer la nuit et la surprise de voyager sous terre rompent aisément la glace du caractère britannique. Le thème banal, mais toujours nouveau, des conquêtes de l’industrie fournit d’ailleurs un sujet d’entretiens enjoués qui intéressent l’amour-propre national.

Aujourd’hui le Metropolitan railway s’arrête à Bishop’s-Road ; il est évidemment destiné à s’étendre et à se ramifier. Un des prolongemens qu’on peut considérer déjà comme résolu en principe est la continuation de la ligne depuis la station de Farringdon-street jusqu’à Finsbury, un des quartiers les plus populeux de Londres. Il y a bien quelques obstacles suscités par les intérêts locaux ; mais ces obstacles céderont à la force de l’opinion publique, de plus en plus prévenue en faveur des chemins de fer. D’autres branches se répandront sans aucun doute dans d’autres directions, et l’on peut prévoir dès aujourd’hui le moment où la grande métropole aura dans presque toute son étendue deux systèmes de circulation par la vapeur, l’un à ciel ouvert et l’autre sous les rues. Le marchand de la Cité, sorti le matin de sa riche maison de Tyburnia, se plongera et s’engloutira durant quelques minutes dans l’intérieur de la terre ; puis, vers neuf ou dix heures du matin, il sera installé dans son comptoir à Cornhill. Les voies de fer aériennes ou souterraines qui doivent sillonner la ville de Londres auraient du reste peu de chances de succès matériel, si chacun de leurs tronçons ne se reliait à d’autres grandes voies de communication. C’est ainsi que le Metropolitan railway touche déjà dans son parcours aux nombreuses lignes du nord et de l’ouest ; quand le chemin de fer de Douvres et de Chatam aura passé la Tamise, lorsque la ligne sur Finsbury sera construite, il se reliera aux lignes du sud et de l’est. Comme ce chemin de fer est destiné à porter les voyageurs, mais surtout les bagages et les marchandises d’un débarcadère à l’autre, il doit recevoir la vie de l’ensemble du réseau, à peu près de même que les organes du corps humain se nourrissent et se développent, par une loi de solidarité, avec les autres appareils du mouvement et de la circulation.

Outre les trains ordinaires, qui s’arrêtent à toutes les stations, il y a des trains directs (express trains), qui partent d’heure en heure. Enfin une clause introduite dans l’acte de la compagnie l’oblige à lancer deux fois par jour, à six heures du matin et à six heures du soir, un train parlementaire destiné surtout aux ouvriers. Dans les