Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 44.djvu/575

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
SOUVENIRS
D'ASIE-MINEURE

III.
LA VIE TURQUE EN PROVINCE.
LES TCHAPAN-OGHLOU. — HADJI-OHAN. - LES KISIL-BACHI.

Les derniers temps du séjour de la mission française à Angora nous avaient paru un peu longs. Tout le monde était remonté dans les vignes pour les vendanges, et la ville était à peu près déserte. Le thermomètre descendait souvent le matin tout près de zéro, et dans cette ville où les figues ne mûrissent point, où l’hiver est plus froid qu’à Paris, où la neige reste souvent un mois sur le sol, il n’y a pas une seule cheminée. Le poêle y est aussi à peu près inconnu, et la maison que nous habitions n’en possédait pas un seul. Nous ne pouvions donc employer, pour ne pas geler pendant les soirées, redevenues longues et tristes, d’autre ustensile que le brasero, et pour ma part je n’ai jamais pu reconnaître à ce mode de chauffage d’autre effet que de donner d’horribles migraines ; je n’en usais donc qu’à la dernière extrémité, et je me surprenais sans cesse à grelotter et à souffler dans mes doigts pour me réchauffer et pouvoir tenir la plume. Pendant ce temps, nous recevions des lettres de nos amis, qui s’apitoyaient sur les terribles chaleurs dont nous devions souffrir