Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 44.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu’à son maître, qui le paya généreusement par la charge de grand-chambellan; son compagnon Arsace eut le second rang parmi les eunuques du palais : tous deux devinrent les conseillers intimes d’Honorius, comme ils avaient été les instrumens de ses méfaits.

Cependant les assassins de Stilicon, dans la première ivresse du succès, faisaient main basse sur toutes les places, se partageaient toutes les dignités de l’empire d’Occident. Olympius s’attribua d’abord, sous le titre de maître des offices, le pouvoir absolu qu’avait possédé sa victime. L’officier romain qui avait rempli l’office de bourreau lors de l’exécution du régent, Héraclianus, reçut pour cet infâme service le gouvernement des provinces africaines, que régissait le comte Bathanarius, mari de la sœur de Stilicon, Arrivé à Carthage avec un rescrit de l’empereur, il fit saisir Bathanarius, le mit à mort et s’installa à sa place. Sous la main de ce misérable, Olympius tenait Rome, dont la subsistance resta dès lors à sa discrétion. Ce n’était pas tout que de s’emparer du pouvoir par un meurtre, il fallait encore justifier ce meurtre aux yeux du monde et convaincre Honorius qu’il avait été sauvé. Olympius avait pour cela besoin d’une conspiration : il se mit en mesure de la découvrir, et chercha des coupables avec une audace inouïe. On le vit jeter d’abord son dévolu sur deux personnages considérables attachés à la personne du prince, Pierre, primicier des notaires, et le grand-chambellan, Deutérius : mis en jugement comme confidens et complices des attentats de Stilicon, ils furent interrogés publiquement, puis soumis à toutes les rigueurs de la question. Comme ces hommes honorables protestaient, au milieu des supplices et avec une héroïque fermeté, de l’innocence du régent non moins que de la leur, Olympius les fit assommer à coups de bâton. Ses autres tentatives ne réussirent pas mieux. Il eut beau choisir ses victimes dans tous les rangs; les bourreaux n’obtinrent aucun aveu, et le maître des offices aucun indice de la conspiration qu’il cherchait.

Arrêté ainsi dans son plan d’exécutions en grand par le courage des accusés, Olympius se rejeta sur les confiscations, dont il élargit d’autant plus le cercle qu’il s’enrichissait en se vengeant. Un décret que nous avons encore déclara dévolus au fisc impérial les biens du brigand de l’ennemi public, et ceux de ses satellites. Ce dernier mot, d’une signification indéterminée, pouvait comprendre non-seulement les anciens amis de Stilicon, mais ceux qui avaient coopéré à ses actes et obéi à ses ordres quand il avait le droit d’en donner, et, par une extension facile à prévoir, il atteignait quiconque osait résister ou déplaisait à Olympius. On mit d’abord la main sur les propriétés du brigand; ses intendans furent tenus, sous les plus fortes peines, de dénoncer tout ce qu’il possédait de meubles