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les portes un espace suffisamment étendu pour y tenir enfermé le troupeau ou la partie du troupeau dont on soigne les râteliers. Ainsi seulement le berger peut se débarrasser des animaux dont il va servir la nourriture tout en les gardant sous sa main.

Le fumier de toutes les bêtes développe dans les environs immédiats du lieu où il se trouve une odeur désagréable, dont l’intensité varie suivant les animaux qui le produisent; mais le< fumier du cochon est celui qui répugne davantage au plus grand nombre de personnes. C’est donc loin de la maison d’habitation qu’il convient de reléguer la porcherie, et cet éloignement présente peu de dangers, car en cas de tentatives de vol par des étrangers, et à supposer les chiens de garde en défaut, les cris persistans et perçans du cochon suffiraient vite pour donner l’éveil aux habitans de la ferme. L’exposition au midi convient essentiellement aux loges des cochons, parce que ces animaux craignent beaucoup le froid. On regarde comme indispensables 2 mètres 50 centimètres de hauteur, et un espace superficiel de 1 mètre 50 centimètres par cochonneau, de 3 mètres 20 centimètres ou mieux de 3 mètres 50 centimètres par animal adulte. Les truies portières doivent pouvoir disposer pour elles et leur jeune famille, pendant l’allaitement, d’une loge dont la superficie ne s’écarte guère de 10 mètres carrés. La voracité des porcs est si grande que les truies absorbent sans aucun remords la nourriture qu’on destine à leurs petits, et que même parfois elles dévorent ceux-ci dès qu’un accident a causé leur mort. Avec de telles nourrices, on ne peut prendre trop de précautions pour assurer aux élèves la jouissance exclusive du repas qu’on leur sert. Aussi une bonne disposition consiste-t-elle à établir hors de l’atteinte des mères un compartiment dans lequel les cochonneaux peuvent parvenir en se glissant au travers de barreaux, et où ils trouvent la nourriture spéciale qu’on veut leur réserver[1]. Entre les diverses loges, des murs de séparation de 1 mètre 25 centimètres de haut suffisent parfaitement. Du reste, toutes ces loges, soigneusement pavées, auront depuis le fond jusqu’à l’extérieur une pente légère qui leur donnera comme un aspect de lits de camp, et qui maintiendra sèche la litière des animaux.

Ce sera également au midi que devra être exposé le poulailler, car une habitation chaude est indispensable aux poules dont on veut obtenir beaucoup d’œufs et des œufs précoces, comme aussi aux poules que l’on veut faire couver de bonne heure. Le poulailler n’a pas besoin d’être très compliqué. Il suffit qu’il renferme un perchoir sur lequel chaque bête dispose d’une largeur de 20 à 25 centimètres, et assez incliné, s’il comporte plusieurs rangs, pour que les poules ne se salissent pas l’une l’autre. On dispose les nids à pondre de divers côtés, surtout dans les réduits les plus sombres des bâtimens que fréquentent les poules; mais il convient de placer sous la main de la fermière la chambre des couveuses. Quant au poulailler même, les murs en seront soigneusement crépis, et l’aire, bien sèche et carrelée, s’élèvera quelque peu au-dessus de terre. Une échelle aboutissant à une petite porte à coulisse pourra donner accès aux poules

  1. Cette excellente disposition s’applique aussi avec avantage aux bergeries : elle repose sur le principe de construction appliqué aux cages sous lesquelles on abrite la nourriture des poussins, afin de la soustraire à la voracité des poules.