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rable. La laine épaisse qui couvre le mouton indique cependant bien quel devrait être son genre de vie. Il craint la pluie, parce que sa toison se sèche difficilement une fois qu’elle a été mouillée; mais cette toison le protège efficacement contre le froid. C’est l’air qui convient avant tout aux animaux de l’espèce ovine. Pourquoi donc les étouffer dans des caves, dans des bergeries hermétiquement closes comme celles que l’on rencontre chez trop de cultivateurs? Plus on peut exposer au midi et en même temps largement aérer les bergeries, plus on en place les habitans dans de saines et favorables conditions. Un mètre carré d’espace et trois mètres cubes d’air par tête ovine adulte, avec de grandes facilités pour la ventilation, sont toujours à désirer. Aussi, quand le climat le permet, établit-on dans les murs, outre les fenêtres et les portes, d’utiles barbacanes, ou même se contente-t-on d’espèces de hangars plus ou moins bien clos. Le sol de la bergerie doit être parfaitement sec. C’est l’excessive chaleur et l’humidité de leurs demeures qui donnent si fréquemment aux troupeaux la pourriture et des maladies de pieds. Une largeur de 50 centimètres de râtelier par tête est indispensable, car toutes les bêtes à la fois se mettent à manger dès qu’on vient de renouveler leurs fourrages. Quant aux auges, elles doivent se trouver sous les râteliers, afin de recevoir les grains qui peuvent tomber des pailles, être élevées de ù5 centimètres environ au-dessus du sol et être assez profondes, assez bien établies pour contenir les tourteaux, les farines, les morceaux de racines et parfois les pulpes ou les drèches que l’on fait consommer aux moutons.

La bergerie est le lieu où s’opèrent toujours les plus fréquens changemens. Il faut séparer les bêtes qu’on engraisse, afin de les tenir plus chaudement, de les placer un peu dans l’obscurité et de les mieux nourrir; il faut isoler les béliers; il faut que les brebis, au moment de l’agnelage, aient leur logement particulier; plus tard, il faut leur enlever leurs agneaux, sans cependant mêler déjà ceux-ci au reste du troupeau; il faut enfin se réserver dans un coin la place du magasin de sel, des farines, etc.. Toutes ces nécessités ne peuvent guère être économiquement remplies qu’en utilisant comme moyens de séparation des claies mobiles ou même les râteliers et leurs auges, qui doivent en ce cas être facilement transportables. Chacune de ces divisions d’animaux communiquera par une porte spéciale avec le dehors de la bergerie : c’est une mesure indispensable pour aider au service des fourrages.

Tout le monde a sans doute eu déjà l’occasion de voir un troupeau de moutons rentrer dans la bergerie ou bien en sortir. Dans ces momens-là se manifestent l’indiscipline la plus grande et l’impatience la plus vive. Chaque bête veut passer la première; toutes s’efforcent de franchir le seuil, et souvent de graves accidens résultent de ces luttes; des bêtes se blessent, parfois des brebis se font avorter, parfois même des agneaux s’étouffent. Il existe un moyen assez simple de parer à cet inconvénient : il suffit d’élever à 50 centimètres environ un passage en plan incliné un peu moins large que la porte, et qui seul donne accès dans la bergerie et en permet l’issue. A droite et à gauche règne un talus rapide qui empêche les animaux de se présenter à la porte en trop grand nombre à la fois. Que cette précaution soit prise ou non, il est indispensable d’entourer de lices devant