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SOUVENIRS
D'ASIE-MINEURE

II.
TROIS MOIS A ANGORA. — l’ADMINISTRATION OTTOMANE ET LES CHRÉTIENS.

Pour le séjour prolongé que la mission française avait à faire à Angora[1], elle ne pouvait désirer une installation plus agréable et plus commode que cette maison du séminaire catholique, mise à notre disposition par l’obligeance empressée de l’excellent évêque, Mgr Chichmanian. Il y avait au séminaire des chaises et des tables, et jusqu’à des lits! Pour prendre nos repas, nous ne serions plus obligés de nous accroupir autour d’un plateau branlant; quand il s’agirait d’écrire ou de dessiner, nous n’aurions plus besoin de nous coucher sur le ventre, la partie antérieure du corps appuyée sur nos deux coudes, ce qui était encore, nous l’avions reconnu, la position la moins fatigante pour griffonner nos notes ou pour mettre au net un croquis. En même temps chacune de nos chambres était garnie de ces divans larges et bas sur lesquels on est si bien à l’aise. Les divans remplacent pour l’Orient tout un mobilier : ils servent à la fois de chaise, de fauteuil et de lit; on peut y prendre toute sorte de positions, et, à l’aide des coussins, s’y installer merveilleusement pour la conversation, la rêverie et le sommeil.

  1. Voyez la Revue du 1er mars.