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d’avance, c’est le plus ou moins de rapidité dans l’accroissement de la population; les détails que donne M. Block à ce sujet méritent une attention particulière. On ne supposerait jamais quel était le pays de l’Europe où la population s’accroissait le plus vite : c’est la Grèce ; la population y montait de plus de 2 pour 100 par an. Nous allons voir si, sous son nouveau régime, elle fera les mêmes progrès. Après elle vient la Prusse, et, qui le croirait? la Norvège.


Grèce 2,16 pour 100 d’augmentation par an.
Prusse 1,57 — —
Norvège 1,39 — —
Suède 1,17 — —
Pays-Bas 1,12 — —
Russie 1,05 — —
Italie 1 — —
Allemagne 0,99 — —
Royaume-uni 0,97 — —
Espagne 0,93 — —
Belgique 0,83 — —
France 0,56 — —
Autriche 0,41 — —

Le chiffre de 0,56 pour la France n’a même été obtenu que parce que M. Block additionne les progrès de la population depuis 1821; s’il s’était borné aux quinze dernières années, le chiffre attribué à la France serait tombé fort au-dessous de l’Autriche elle-même. Dans les vingt-cinq ans écoulés de 1821 à 1847, l’augmentation annuelle a été de 200,000 âmes; dans les quinze ans écoulés de 1868 à 1861, elle n’a plus été que de 87,000; elle a baissé de plus de moitié. La France est aujourd’hui sans comparaison le pays de l’Europe où la population marche le moins vite; on peut dire qu’elle y est devenue à peu près stationnaire.

Si les choses allaient toujours du même pas, voici quelle serait dans un siècle la population des principaux états de l’Europe :


Russie 135 millions d’habitans.
Royaume-uni 58 —
Autriche 55 —
Prusse ; 47 —
France 46 —
Italie 44 —
Allemagne 36 —
Espagne 32 —

La France, qui a aujourd’hui le second rang comme population absolue, n’occuperait plus que le cinquième; la Prusse elle-même, qui n’a aujourd’hui que la moitié de notre population, nous aurait dépassés, et on n’a compté pour le royaume-uni que l’augmentation obtenue sur le territoire européen; en y ajoutant les colonies, l’effectif de la race sera probablement doublé et porté à plus de 100 millions d’hommes. On a d’ailleurs