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corps législatif; mais les protestations de Rome subsistent : abolissez les lois organiques. — La France possède Avignon. Le pape avait à cette possession des titres non moins clairs que ceux qu’il invoque pour les Romagnes. Le cardinal Consalvi a protesté au congrès de Vienne contre l’annexion à la France. Rendez Avignon. Ces réparations seront pour le saint-siège un motif d’allégresse plus grand que tout ce qui pourrait venir de nous. Quand ces actes seront accomplis, venez nous parler de nos devoirs, et nous serons prêts à vous entendre... » C’est ainsi que le pouvoir temporel périt sous l’action d’une loi dont la France elle-même est la personnification la plus éclatante. C’est ainsi que tout conduit à la nécessité d’une solution qui replace la papauté dans des conditions plus normales, où elle puisse, par une autorité religieuse plus libre, reprendre une vie nouvelle.

Et, à vrai dire, ce n’est ni la France ni l’Italie qui sont les plus intéressées à cette solution. Politiquement la France peut attendre; elle est à Rome remplissant un rôle d’honneur et de désintéressement qui n’engage point son action définitive. Elle écarte pour le moment les problèmes qui peuvent naître d’une situation nouvelle de l’église; elle laisse aux passions religieuses le temps de se calmer. L’Italie elle-même peut à la rigueur attendre encore, et en y réfléchissant, à un point de vue plus élevé et plus large, je ne sais même si c’est un intérêt bien clair, bien pressant pour les Italiens que la France quitte immédiatement Rome. N’est-il point évident en effet que l’occupation temporaire de Rome n’est qu’un des élémens de la crise actuelle? L’unité eût-elle dès ce moment son centre à Rome, la question italienne ne serait point résolue. Elle est en suspens tant que l’Autriche est à Venise. Tant que la domination étrangère est sur le Mincio, l’Italie est en présence d’un choc toujours possible, et elle se trouve dans cette condition étrange, que tout ce qui est fait est à la merci de ce qui reste à faire. Or, dans une telle condition, la présence de la France à Rome ne peut-elle pas être d’une certaine valeur? S’il y a donc une difficulté pour l’Italie, elle n’est pas de celles qui sont sans compensation; mais c’est le catholicisme surtout qui est intéressé à voir cesser une situation pénible et sans avenir, où la souveraineté du saint-siège s’affaisse dans les impossibilités, où l’on demande.au pape des réformes qu’il aurait pu sans doute accorder d’autres fois avec fruit, qu’il ne peut plus accorder avec dignité, parce qu’il n’est plus temps, parce qu’elles ne serviraient à rien. C’est le sentiment catholique qui est intéressé désormais à voir cesser ces confusions, qui font de la papauté, de l’autorité religieuse la plus élevée, l’alliée par des considérations terrestres de toutes les réactions, l’antagoniste des nationalités renais-