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première, la plus urgente de toutes, suivant lui, était la suppression du pouvoir temporel du saint-siège. Constamment préoccupé de l’avenir des idées auxquelles il avait consacré sa vie, c’était surtout dans l’intérêt du catholicisme qu’il désirait la fin d’un régime qui en compromet l’intégrité et l’influence. Aussi de quelle joie ce catholique spiritualiste ne saluait-il pas tous les événemens qui semblaient devoir rapprocher la révolution d’où il espérait que sortiraient pour l’église une vie nouvelle, le retour vers la sainte antiquité, et, avec la force primitive, la puissance de reconquérir tous les peuples! Il croyait voir déjà la papauté, déposant la couronne temporelle dont le moyen âge l’avait malheureusement investie et reprenant le caractère libéral des temps apostoliques, se réconcilier avec la civilisation moderne, et le clergé, comprenant enfin que toutes les libertés sont filles du christianisme, pousser partout à la science, à la raison, à l’affranchissement des peuples, à l’épuration, à la simplicité des mœurs, au progrès sous toutes ses formes. Que Rome rompe définitivement avec le passé, que la liberté rentre dans le sein de l’église, et, suivant lui, la crise est terminée, la lutte contre nature entre le catholicisme et la civilisation moderne cesse, et les peuples se réconcilient avec la foi antique.

La nécessité d’introduire de profonds changemens dans l’organisation, dans l’enseignement, dans les vues de l’église, n’échappe pas complètement au clergé, et elle y trouve des partisans justement parmi ceux qui connaissent le mieux le passé de l’église et qui sont le moins dominés par des vues d’intérêt immédiat et matériel. Après le défenseur officiel du nouveau dogme, le père Passaglia, voici l’historien le plus accrédité du catholicisme en Allemagne, M. Dollinger, le savant professeur de Munich, qui, sans condamner formellement le pouvoir temporel, croit cependant que la crise actuelle amènera des réformes aussi importantes que nécessaires. Déjà précédemment un autre écrivain catholique non moins connu au-delà du Rhin, et chanoine aussi, Hirscher, professeur de théologie à Fribourg, avait tracé d’une main respectueuse, mais ferme, la longue liste des réformes réclamées par l’état de l’église. La conclusion à laquelle arrivent ces fils soumis de l’orthodoxie après avoir examiné la situation présente du monde est la même. Ils voient qu’il est aussi impossible de remettre l’humanité sous le joug du moyen âge que