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sa fabrication, à être manié brusquement. Nous savons que la gutta-percha et le caoutchouc ne se conservent bien que sous l’eau; si donc la fabrication doit commencer, c’est le cas le plus général, quelques mois avant l’immersion, il importe de maintenir le câble jusqu’au moment de l’embarquement dans un réservoir à eau, et l’enveloppe doit être telle que des alternatives de sécheresse et d’humidité ne l’altèrent pas. Il faut encore qu’elle soit assez résistante pour être enroulée et déroulée plusieurs fois. Il est de principe, il est vrai, de manipuler un câble le moins possible ; on ne peut éviter néanmoins plusieurs transbordemens, au cas par exemple où la pose d’une ligne n’a pas exigé toute la longueur du fil que l’on avait embarqué. Enfin l’expérience prouve qu’il est prudent de ne pas risquer un câble anciennement fabriqué ou plusieurs fois embarqué, à moins qu’il ne s’agisse d’une ligne fort courte. On pourrait citer plusieurs entreprises qui ont eu à souffrir de l’oubli de cette précaution.

A la mer, les accidens qui menacent les câbles varient suivant la profondeur. Dans les grandes profondeurs, où les courans sont presque nuls, il n’y a pas de frottement appréciable. Les fonds d’oaze sont très doux et d’une nature chimique probablement inoffensive. Ces portions pourraient donc, n’étaient les dangers de l’immersion, se passer d’enveloppe protectrice. Dans les régions moins profondes, on trouve d’abord des courans rapides, mais réguliers, puis les rochers, les galets, les flots de marée, c’est-à-dire l’action incessante du plus énergique agent de destruction que l’homme connaisse. Ici il faut de la force, d faut du poids; dans les grandes profondeurs au contraire, il faut plus de légèreté, avec une résistance à la rupture suffisante pour que le câble se supporte lui-même sur une hauteur de plusieurs milliers de mètres.

L’enveloppe protectrice destinée à parer à tous ces accidens se compose de fils de fer ou d’acier dont le diamètre varie suivant le poids et la résistance que l’on veut obtenir. Il serait imprudent de mettre le fer en contact avec la gutta-percha; on interpose donc entre eux une certaine épaisseur de chanvre goudronné. Les fils de fer s’appliquent sur cette couche comme sur un matelas et y modèlent leur propre forme. Ce chanvre, étant plus léger que l’eau, allège un peu le câble; mais il ne faut pas attacher une trop grande importance à cet allégement, qui ne s’obtient que par un accroissement de diamètre. Le volume des grands câbles est déjà tellement considérable, qu’on doit songer à le diminuer plutôt qu’à l’augmenter.

Le procédé le plus simple pour recouvrir un câble de fils de fer consiste à enrouler ces fils en spirale autour de l’âme, parce qu’ils