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on la mastique plusieurs fois, et elle est prête alors pour être moulée sous telle forme que l’on veut. La gutta-percha ainsi purifiée est une substance brune, peu élastique, inaltérable dans l’eau froide et qui se ramollit dans l’eau bouillante au point de devenir plastique. Les procédés employés pour l’appliquer sur les fils de cuivre ont été bien perfectionnés depuis plusieurs années et sont encore peu connus, car les fabricans donnent difficilement accès dans leurs ateliers.

La gutta-percha se conserve parfaitement bien dans l’eau; sur les portions de câble relevées après une immersion plus ou moins prolongée, l’isolement était meilleur en général qu’au moment de la fabrication, et la gaine isolante n’avait aucune apparence de détérioration ; mais il n’en est pas de même lorsque cette Comme n’est pas immergée. A l’air, elle s’altère promptement, devient fragile, cassante, et perd ses propriétés isolantes. Cette altération et aussi la crainte de voir disparaître bientôt cette précieuse matière, ou tout au moins de voir augmenter son prix de revient, sont cause que quelques fabricans ont essayé de nouveau récemment d’isoler des fils télégraphiques avec le caoutchouc.

Le caoutchouc, récolté comme la gutta-percha sur un arbre des tropiques, nous vient des Indes orientales et de l’Amérique du Sud; la qualité que nous envoie l’Amérique est bien supérieure à la première et d’un prix plus élevé. Le caoutchouc d’Amérique, appelé aussi gomme du Para arrive en Europe sous forme de bouteilles; recueilli à sa sortie de l’arbre sur des moules en poterie, il se solidifie sur les parois de ces moules, et on l’expédie tel qu’il est récolté. Dans les manufactures, on le ramollit par immersion dans l’eau chaude, et on le mastique pour lui donner différentes formes. Cette manipulation altère gravement les propriétés du caoutchouc : il devient plus poreux, moins élastique. On sait que les dessinateurs préfèrent les fragmens informes découpés dans le caoutchouc en bouteilles aux morceaux régulièrement taillés que l’on fabrique depuis quelques années.

Le caoutchouc jouit d’une précieuse propriété : deux fragmens fraîchement coupés et rapprochés l’un de l’autre se soudent immédiatement sans qu’il soit besoin de les réchauffer. Aussi l’application sur les fils de cuivre se fait très aisément. On découpe la Comme en plaques minces d’un millimètre d’épaisseur; celles-ci sont encore découpées eu longues lanières que l’on enroule sur le fil longitudinalement ou en spirales, tandis que les coupures sont encore fraîches; puis on consolide le tout en l’immergeant dans l’eau à 70 ou 75 degrés. L’union est si parfaite qu’il est impossible de retrouver les lignes de jonction; mais, on l’a vu, le caoutchouc au contact du fil devient promptement visqueux, et s’écoule en laissant le fil à