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autre substance fibreuse imprégnée de goudron et presque toujours revêtue de fils de fer ou d’acier enroulés en spirale. Nous allons étudier séparément chacune de ces parties constituantes. Observons d’abord que les travaux relatifs à l’établissement d’une ligne télégraphique sont habituellement partagés entre deux ingénieurs. L’électricien s’occupe spécialement de la fabrication du fil conducteur et de la gaine isolante; il détermine quelle épaisseur doit avoir cette gaîne, quel diamètre doit avoir ce fil pour produire une vitesse de transmission satisfaisante; il procède sur les matières brutes, sur le câble en voie de fabrication, et cela jusqu’après l’immersion, à des essais très délicats qui ont tous pour but de s’assurer qu’un certain degré d’isolement a été acquis et se conserve pendant le cours des opérations. L’ingénieur s’occupe du tracé que doit suivre la ligne pour présenter le plus de chances de réussite; il détermine en conséquence la forme et la résistance de l’enveloppe protectrice, donne ses soins à la fabrication, à l’aménagement du câble sur le navire, fait disposer les freins qui limiteront la vitesse de déroulement, et en dirige la manœuvre. Les deux fonctions bien distinctes de l’ingénieur et de l’électricien sont toujours séparées et confiées à des hommes spéciaux dans les grandes entreprises télégraphiques qui ont pris naissance en Angleterre.

Jusqu’à ce jour, le fil conducteur a constamment été fait en cuivre, métal précieux pour cet usage à cause de son inaltérabilité et de la faible résistance qu’il offre au passage de l’électricité. Sous ce dernier rapport, il vaut huit fois mieux que le fer; un conducteur en fer devrait être huit fois plus gros pour produire la même vitesse de transmission. Dans l’origine, on n’employait qu’un fil unique d’environ 1 millimètre 1/2 de diamètre, et la réunion des bouts s’opérait par des soudures à l’argent. Bientôt on s’aperçut que le plus léger défaut dans une soudure compromettait la solidité du fil tout entier et que ce conducteur n’avait pas une élasticité suffisante, ce qui fit remplacer le fil unique par un faisceau de sept fils plus fins enroulés en spirale et dont les soudures ne sont jamais réunies au même point. On reconnut aussi, après de nombreux essais, que les propriétés conductrices du cuivre varient singulièrement suivant la pureté de ce métal. Les plus légères traces d’arsenic ou d’oxyde augmentent sa résistance électrique, à tel point que certains échantillons de cuivre ne valent pas mieux que du fer. Il y a donc là pour l’électricien toute une série d’expériences à faire avant même que la fabrication du câble soit commencée.

Ce fil de cuivre, qui sert de conducteur à l’électricité, doit être isolé, c’est-à-dire qu’il doit être séparé des corps environnans par une substance qui offre une très grande résistance à la déperdition