Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/718

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

immuables comme les causes qui leur donnent naissance. Sur le littoral au contraire, les influences locales prédominent; les eaux sont affectées par une foule de causes incessamment variables : la forme des rivages, la nature du fond, l’amplitude des marées. Nous pouvons admettre que l’influence des vagues et des marées ne s’étend pas au-delà de 60 à 80 mètres au-dessous de la surface; mais, cette limite une fois dépassée, nous avons encore à craindre les courans sous-marins et même les accidens causés par les ancres des navires. Quelque soin que l’on prenne pour indiquer aux navigateurs la situation des câbles immergés, et pour les empêcher de mouiller dans le voisinage, il arrive encore des accidens de ce genre. Les ingénieurs admettent généralement que tous ces dangers n’existent plus dans les profondeurs supérieures à 200 mètres, profondeurs que l’on n’atteint guère qu’à plusieurs kilomètres des côtes, sauf de rares exceptions. Quelle influence ces explorations sous-marines ont-elles eue sur la fabrication du câble? C’est ce qu’il convient maintenant d’examiner.


II.

Conformément aux principes aujourd’hui reconnus, il est admis qu’un câble doit être divisé en plusieurs parties. La première, depuis le rivage (shore-end) jusqu’à 80 mètres de profondeur, est revêtue d’une forte armature de fils de fer, et l’ingénieur use de tous les moyens, même les plus coûteux, pour maintenir le câble en place et le prémunir contre le frottement des rochers. Ce conducteur pèse de 4 à 6,000 kilogrammes par kilomètre. La seconde partie, comprise entre les fonds de 80 mètres et ceux de 200 mètres, doit encore présenter une certaine résistance, et pèse de 2,000 à 3,000 kilogrammes par kilomètre. Enfin la partie de la mer profonde (deep-sea-end) est beaucoup plus légère : le poids et la résistance sont déterminés non plus en raison des frottemens qu’elle peut éprouver, mais bien en raison de la plus grande profondeur qu’elle doit atteindre. Les meilleurs modèles fabriqués jusqu’à ce jour pesaient de 500 à 800 kilogrammes par kilomètre.

A voir l’infinie variété de spécimens présentés par les ingénieurs et les fabricans pour les câbles des grandes profondeurs, on sent que les idées ne sont pas encore bien fixées sur les meilleures dispositions qu’il convient d’adopter. Cependant tous les câbles qui ont eu une certaine durée étaient basés sur les mêmes principes, savoir : — un conducteur central en cuivre, — une enveloppe isolante en gutta-percha, — une enveloppe protectrice en chanvre ou