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pour indiquer leur importance, il me suffira de dire que le seul comité de Hulme en a 24 dans sa dépendance, qu’il y soutient plus de 2,300 ouvrières, et que les dépenses des écoles de ce district s’élevaient déjà, le 15 décembre 1862, à 5,917 livres sterling ou 147,927 francs. Ce sont ces dépenses, plus grandes naturellement que les simples secours donnés au bureau, qui retardent le développement des écoles ; il faut trouver dans des souscriptions particulières de quoi compléter la subvention du comité. Quelques-unes cependant commencent à subvenir par leurs ressources, par la vente des produits de l’école de couture, à l’accroissement de frais qu’entraîne ce mode d’assistance. Les ouvrières sont devenues meilleures couturières, et les vêtemens confectionnés par elles sont souvent achetés par les comités qui ont l’occasion de les distribuer, ou vendus dans les bazars de Londres.

Quoique les écoles soient souvent tenues par des ministres du culte, l’instruction religieuse en est entièrement bannie. Les ouvrières y sont reçues sans aucune distinction de religion, et l’on est heureux de ne pouvoir citer presque aucun exemple où cette œuvre de charité ait été transformée en un instrument de propagande. C’est surtout dans la ville de Blackburn que le rôle des différens clergés a été important et honorable. Ils s’entr’aident cordialement, et cette entreprise commune a contribué à effacer l’esprit de rivalité qui trop souvent anime les différentes églises dans un pays où la liberté des cultes est un fruit de la liberté de discussion et non de l’indifférence religieuse. Le curé catholique, qui a plus de 11,000 ouailles, et l’archidiacre anglican siègent ensemble dans le comité central de Blackburn à côté de plusieurs ministres indépendans. Ils ont étendu leurs écoles, et c’est par eux que se distribuent la plupart des sommes dont dispose ce comité. La tenue de leurs écoles est excellente, et ils peuvent mieux que personne distribuer ces secours avec discernement. Il n’y a là d’ailleurs rien d’exclusif, et les pauvres qui ne veulent s’adresser à aucun ministre religieux peuvent toujours avoir recours directement au comité et à ses visiteurs.

Soit qu’elles entraînent des frais plus considérables, soit que le zèle et l’intelligence des dames qui dirigent les écoles d’ouvrières leur fassent défaut, soit que les hommes aient moins d’inclination à y entrer, les écoles pour les ouvriers sont moins nombreuses que . celles pour les femmes. Le système d’ailleurs en est le même : dans les unes, on enseigne la lecture, l’écriture et l’arithmétique; dans les autres, appelées induslrial schools, on apprend aux ouvriers des métiers qui leur seront toujours utiles, et qui même dans certains momens pourront les aider à gagner leur vie, comme de faire des nattes et d’autres ouvrages, ou de raccommoder des vêtemens et des chaussures.