Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/683

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

concours de son esprit prompt, clair et pénétrant, y représente avec lord Egerton la grande propriété foncière et le parti conservateur, dont il est le chef. Propriétaire de grandes filatures à Glossop, lord Edward Howard est un catholique. Sir James Kay a toujours suivi dans la chambre des communes le parti libéral, et lui doit sa position. Enfin les autres membres du comité sont de grands industriels choisis dans les différentes villes du district. Le comité se réunit tous les lundis au Town-Hall, ou hôtel de ville de Manchester. Ses bureaux sont en ville. C’est dans ces deux endroits qu’il faut suivre ses opérations, pour se faire une idée de la grandeur de la tâche qu’il s’est imposée.

Lorsque j’entrai dans une petite salle basse de l’hôtel de ville, éclairée au gaz, quoiqu’en plein jour, car, comme d’habitude, le brouillard orange envahissait les rues de Manchester, une vingtaine de personnes étaient réunies autour d’une table. « Vous voyez là ce qu’il y a de plus riche dans la province la plus riche de l’Angleterre, » me dit le town-clerk ou adjoint de Manchester, qui s’était fait obligeamment mon cicérone.

Après avoir pris connaissance des souscriptions reçues et des fonds distribués durant la semaine, le comité s’occupe de régler la répartition pour la semaine suivante. M. Farnall, employé du ministère des pauvres et détaché auprès du comité, rend compte de l’état du paupérisme : un projet de répartition est soumis par le secrétaire avec des tableaux montrant la quantité de secours que les pauvres reçoivent par différentes voies. Dans la discussion à laquelle l’examen de ces pièces donne lieu, chacun met en avant les intérêts des villes qui le touchent plus particulièrement, et la diversité de ces demandes prouve que tous les principaux intérêts du pays sont suffisamment représentés.

Quelques chiffres feront comprendre l’importance de l’œuvre entreprise par le comité. Le 27 décembre 1862, sur 533,959 ouvriers employés autrefois dans les filatures de ce que l’on appelle proprement le district cotonnier, 247,230 étaient complètement sans ouvrage, et 165,600 ne travaillaient que deux ou trois jours par semaine. Les familles de ces derniers se trouvaient dans une gêne voisine de la misère; aussi à cette date comptait-on 496,816 individus dépendant en tout ou en partie pour leur existence des secours qu’ils recevaient soit de la charité légale, soit de la charité privée.

C’est à égaliser et à compléter les secours que cette nombreuse population reçoit de divers côtés que le comité central emploie les vastes ressources dont il dispose. Je parlerai plus tard de ces secours de provenances diverses, mais je dois les indiquer ici, car ils servent de base aux répartitions du comité central. On peut les clas-