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CHRÉMYLE.

Mercure, car je vois bien que tu es le dieu de Cyllénie, je t’avoue que je suis un homme de bien, ennemi de la ruse et de la violence. Que puis-je faire pour que Plutus me serve à mon gré, sans que je perde la qualité de juste à laquelle je dois sa visite ?

MERCURE.

Tu veux que je te conseille ?

CHRÉMYLE.

Oui, je t’en prie, mon cher petit Mercure.

MERCURE.

Et tu feras ce que je te dirai de faire ?

CHRÉMYLE.

Oui, oui, mon grand Mercure, car bien que je ne manque pas d’esprit, je reconnais que tu en as encore plus que moi.

MERCURE, railleur.

Tu me flattes ! Eh bien ! écoute ; tu es estimé de tous tes voisins ?

CHRÉMYLE.

Oui, je suis grandement estimé.

MERCURE.

Ils sont rassemblés dans ta maison ?

CHRÉMYLE.

Oui, dedans et dehors.

MERCURE.

Et tu n’as pas détourné Plutus de leur faire quelques présens ?

CHRÉMYLE.

Bien au contraire.

MERCURE.

Ils sont contens de lui et de toi, et si tu leur proposes une chose utile à leurs intérêts et aux tiens, ils te croiront ?

CHRÉMYLE.

Je réponds de cela, d’autant plus que je suis le plus intelligent de tous.

MERCURE.

Je le vois bien ! Alors suis-moi. Je ne puis leur dire en mon nom ce qu’il s’agit de faire dans la circonstance ; mais je te soufflerai le plus beau discours que tu leur feras de ta vie.

CHRÉMYLE.

Il sera donc bien beau, car je suis connu pour parler mieux que les autres.

MERCURE.

Allons, dépêchons-nous, et n’aie plus de souci. Tout ira mieux pour toi désormais, (Ils sortent.)