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dispose a montré que le débit total est de 480 millions. Si l’on suppose un tiers de perte pour évaporation, chômage, etc., il reste disponible pour les mines un total de 320 millions de mètres. Or ce chiffre de 320 millions est, à très peu de chose près, égal à cent fois la consommation annuelle de la mine de San-Juan, que j’ai prise pour exemple, de telle sorte que la production en or de tout ce plateau, alimentée par toutes les eaux dont dispose la compagnie des lacs, pourrait être supposée devoir être égale à cent fois la production de cette mine de San-Juan, soit 60 millions de francs d’or par année, et l’on peut se convaincre, d’après les chiffres indiqués un peu plus haut, que cette production de 60 millions pourrait être maintenue pendant près de cinq cents ans avant d’arriver à la fin du gisement[1].

Tel est le bilan d’une des exploitations de graviers aurifères dans les montagnes de Californie ; tel aussi l’avenir que ces gisemens réservent à la production de l’or.

Les alluvions que je viens de passer en revue ne sont pas les seules mines d’or de la Californie. Il reste à montrer l’importance de ces gîtes aurifères que j’ai nommés primitifs. Quelques mots suffiront. La zone de for en Californie est traversée en son milieu, et suivant toute sa longueur, par un faisceau continu de veines et de filons de quartz. Cette bande peut s’étendre sur 12 kilomètres de large au maximum ; elle se prolonge certainement sur plus de 200 dans le sens de sa longueur. Ces veines traversent tous les terrains, elles s’enfoncent à toute profondeur, et quelquefois, dressant leurs crêtes à l’extérieur, jalonnent leur course sur plusieurs lieues d’étendue. Ces filons sont tous formés d’une roche dure et blanche, le quartz ou cristal de roche. Ils sont tous aurifères. Quelquefois l’or pénètre la masse entière de la veine en poudre d’une finesse extrême, comparable à la farine ; quelquefois on l’y trouve en nids énormes, d’une richesse éblouissante. La quantité d’or contenue dans chaque mètre cube de roche en place est en général plus grande pour les veines minces que pour les filons très puissans, plus grande aussi près de la surface qu’un peu plus bas. Cette richesse est essentiellement incertaine et variable ; rien ne peut à l’avance indiquer au mineur quel sera le sort de son travail. Les résultats obtenus par les exploitations actuelles accusent un rendement variable de 350 fr., teneur maximum que j’ai pu observer, à 35 fr. d’or à la tonne, teneur au dessous de laquelle toute exploitation devient impossible[2]). Entre de pareils termes, variant du simple au

  1. Je suppose que la mine de San-Juan n’est en travail effectif que pendant deux cents jours de l’année.
  2. A Mariposa, dans le Frémont-lode, un seul coup de mine arracha un bloc de quartz qui livra 375,000 fr. d’or. Ces exemples sont rares.