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MERCURE.

Tu insultes un serviteur de la république ? Je m’en vais ; mais tu te repentiras de m’avoir si mal reçu.

CHRÉMYLE, effrayé.

Non, attends ! Donne-moi le temps de réfléchir.

MERCURE.

Hâte-toi ! je reviens dans un instant, (A part.) Il se décidera à payer, et les autres feront comme lui. Allons trouver ces nouveaux riches, et secouons un peu leur numéraire, (Il sort du côté de la maison.)


SCÈNE VII.
CHRÉMYLE, absorbé ; MYRTO, apportant la bourse.


MYRTO.

Comme vous êtes soucieux, mon père ! Puis-je vous demander une grâce ?

CHRÉMYLE.

Que veux-tu ? Dis en peu de mots. Je suis occupé.

MYRTO.

Je vous apporte la rançon d’un de vos esclaves. Acceptez-la.

CHRÉMYLE.

Quoi ! Plutus a donné cela à un de mes esclaves ? Il est donc fou ?

MYRTO.

C’est à moi que Plutus a fait ce présent ; c’est moi qui veux vous racheter l’esclave scythe.

CHRÉMYLE.

Et que veux-tu faire d’un esclave scythe ? Es-tu une élégante de la ville pour te faire porter au bain ?

MYRTO.

Consentez, mon père ! Ce jeune homme est un guerrier vaincu.

CHRÉMYLE.

Oui, au fait, c’est un homme de guerre, lui ; mais il est devenu bon laboureur, et je tiens à le garder.

MYRTO.

Voyez comme cette bourse est lourde ? Avec une pareille rançon, vous aurez deux autres serviteurs, et vous y gagnerez encore.

CHRÉMYLE, prenant la bourse et regardant le contenu.

Eh bien ! autant vaut que je te débarrasse de cela ! Ce n’est pas que j’en manque à présent, mais tu pourrais te le laisser dérober ou le dépenser en vaines parures… Va, délivre ce Bactis, j’y consens.

MYRTO, l’embrassant.

Merci, mon père ! (à part.) Grâces te soient rendues, ô amour ! le sinistre oracle de la Pauvreté est conjuré, j’espère. (Elle sort.)