Page:Revue des Deux Mondes - 1863 - tome 43.djvu/409

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Voilà deux cas où les bonnes intentions du conseil privé ont été longtemps enchaînées par la lettre des règlemens, et où il n’a pu réussir qu’en leur faisant violence. L’évidence des misères et surtout le cadre où elles étaient renfermées ont été pour beaucoup dans ces concessions accidentelles. L’empêchement n’en subsiste pas moins et produit son effet quand la notoriété des besoins et le bruit qu’ils causent ne forcent pas la main aux membres du comité. Dans les circonstances ordinaires, non-seulement la contribution volontaire doit précéder l’allocation officielle, mais il faut en outre que cette contribution volontaire soit recueillie exclusivement dans la localité. Ni Devonport, ni Charterhouse n’auraient pu satisfaire à cette condition, et combien de paroisses plus obscures en sont au même point ! Neuf fois sur dix l’action du conseil s’en trouve paralysée. On devine pour quel motif cette clause a été inscrite dans les articles constitutifs. Une école, fondée au moyen de dons paroissiaux, y puise une garantie de durée ; les donateurs la voient à l’œuvre, assistent à sa marche, sont désignés comme ses patrons naturels ; ils aideront à son maintien comme ils ont aidé à son établissement. Le conseil privé peut l’assister sans craindre qu’elle n’avorte après un temps d’essai ou ne retombe tout entière à sa charge. Pour une école créée à l’aide de dons étrangers à la paroisse, la sécurité n’est plus la même ; les souscripteurs sont dispersés, quelquefois inconnus ; ils se tiennent pour quittes après une première largesse, ils n’en peuvent pas suivre l’emploi ni y porter un grand intérêt ; ils ne sont tenus en haleine ni par le spectacle d’un succès, ni par la crainte d’un échec : d’où il suit que, dès l’origine, l’école peut péricliter, se fermer presque au lendemain de l’érection, après avoir causé des sacrifices en pure perte. Tel est le motif du compromis que le conseil privé impose à la paroisse. Évidemment ce compromis supprime quelques abus, mais aussi que de bien il empêche ! Il met hors de la portée du conseil les localités, — et on vient d’en voir deux exemples, — qui ont le plus besoin de ses secours, il raie de sa clientèle les districts atteints d’une apathie incurable, ceux où il y a le plus à entreprendre et dont il y a le plus à espérer, comme matière d’amendement, c’est-à-dire les paroisses inertes des campagnes et les paroisses des villes que la misère et le vice ont choisies pour leur domaine.

Ces complications, accompagnées d’une certaine impuissance, ont soulevé plus d’une censure et amené quelques propositions pour y porter remède. Deux dans le nombre méritent une mention. La première tendrait à créer dans les écoles des types variés, de manière à descendre aussi bas que possible dans l’échelle des frais de fondation ; la seconde viserait à leur assigner une ressource fixe qui remplaçât les contributions volontaires, toujours variables et éventuelles.